A Lille, les trophées Rev3 du bâtiment durable envoient du bois

C’est au congrès national du bâtiment durable dans la capitale des Flandres qu’ont été remis, le 5 septembre, les trophées Rev3 (troisième révolution industrielle). Cette quatrième édition a mis en valeur huit projets exemplaires menés en région Hauts-de-France qui font notamment la part belle au bois, pour la construction mais aussi pour le chauffage.

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« Les projets ont suivi les préconisations du référentiel Rev3 (troisième révolution industrielle) pour le bâtiment. Leurs coûts de rénovation ou de construction au mètre carré se situent dans la fourchette du marché », souligne en préambule Benoît Loison, président du CD2E (Pôle d’excellence régional de l’éco-transition) et de la FFB Hauts-de-France. Autre point commun, tous les lauréats ont parié sur le bois pour la construction et/ou le chauffage.

Du sol au plafond

Ainsi le prix de la rénovation tertiaire, attribué au siège social du bureau d’étude Auddicé à Roost-Warendin (Nord) a utilisé ce matériau du sol au plafond. L’agence d’architecte ATW a en effet déployé de matériau stockeur de carbone aussi bien pour les charpentes, que les murs, le bardage, le sol et les menuiseries intérieures et extérieures. Il est aussi utilisé pour chauffer le projet qui est revenu à 2 116 euros du mètre carré de surface de plancher pour environ 500 m² de réhabilitation et 500 m² d’extension. Livré à l’été 2024, le site carbure aussi au photovoltaïque et à la géothermie.

« Nous avons voulu faire de notre siège un véritable démonstrateur en poussant partout les curseurs et en intégrant les « clauses vertes » directement au cahier des charges », souligne Louis-Philippe Blervacque, président d’Auddicé. Il ajoute qu’une attention systémique a été portée à la biodiversité : « Nous avons créé une série de milieux écologiques différents qui forment un parcours pédagogique ».

Pour le prix de la rénovation de logements, attribué au projet de réhabilitation de 318 « Camus bas » pour le bailleur Maisons & Cités dans le Pas-de-Calais dans le cadre du programme Massiréno, le biosourcé est aussi un élément clef du projet.

Panneaux ossature bois industrialisés

Livré en décembre 2024, la réhabilitation a en effet été menée via un procédé de panneaux en ossature bois produits hors site. Avec isolation en coton. Le projet qui est revenu à 1 286 euros du mètre carré a été mené en marché globale de performance garanti sur 30 ans par un groupement piloté par Bouygues Bâtiment Nord-Est, avec les architectes de Blau et Red Cat Architecture et les BET Symoe et Nortec.

Même le projet réalisé en pierre de taille locale, lauréat or dans partie construction neuve, utilise du biosourcé. La maison de pays de Licques (Pas-de-Calais), réalisée pour la communauté de communes Pays d’Opale par Tandem + avec les BET TW Ingénierie et Kietudes, a ainsi misé sur le bois pour la charpente et pour le chauffage. L’équipement public labellisé Passivhaus a été livré en juin 2024 pour un coût de 3 234 euros du mètre carré.

Et le lauréat du projet qui a décroché la médaille d’argent en neuf pour le tertiaire, La Loco à Lille, tiers lieu éthique de 2 400 m² SP qui atteint le niveau E3C2 du label E+C-, qui n’a pourtant pas misé sur ce matériau pour la construction, est tout de même raccordé à un mini réseau de chaleur chauffé à la biomasse. Réalisé pour la SCI Etic à Lille par les agences d’architecte Atelier 204 et Ophélie Chassin, le bâtiment de 2 400 m² est revenu à 2 917 euros du mètre carré.

Le bronze a été raflé par un projet pariant de nouveau sur le bois, sur plusieurs tableaux. La Maison de la transition écologique de la Ville de Marcq-en-Barœul (Nord) l’a en effet utilisé pour sa structure, via 12 portiques d’environ 5 m de portée, son isolation et son chauffage. Les 82 m² SP sont revenus à 3 122 euros du mètre carré.

« Nous avons utilisé des panneaux standardisés pour minimiser les chutes de bois. La préfabrication hors site a été réalisée en atelier à 5 km. Ce mode constructif a réduit les nuisances pour le voisinage. En plus d’être chaleureux et d’offrir une bonne qualité de l’air, le bois est facilement démontable et offre donc de la flexibilité », souligne l’architecte du projet Emma Weiss.

Chaufferie biomasse

Le lauréat dans la catégorie bâtiment scolaire, le restaurant scolaire de Mouchin (Nord), table aussi sur le bois pour son bâti et pour ses calories. La chaufferie biomasse créée alimente aussi d’autres structures municipales. Livré en mars 2024, la cantine de 418 m² SP passive en bois, terre et paille offre notamment une très bonne isolation phonique, particulièrement importante pour cet usage. Le jury a été séduit par les solutions déployées par Damien Schietse de la Scop Kontext Architectes pour réussir une intégration urbaine compliquée de l’ouvrage qui est revenu à 3 780 euros du mètre carré.

La Réserve, éco-lieu bâti sur une friche commerciale à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais) et coup de cœur du jury, a elle aussi opté pour un double usage du bois. La chaufferie biomasse est complétée par des panneaux photovoltaïques qui fourniront 24 MWh au site qui sera par ailleurs rafraîchi par un puits canadien. Livré en juin, le projet imaginé par l’agence d’architectes Béal & Blanckaert, a eu recours à une ossature bois et à 100 % d’isolants biosourcés. 2 200 m² ont ainsi été réhabilités pour un coût de 2050 euros du mètre carré.

Enfin, le coup de cœur promotion immobilière a été attribué à Howell, le très beau siège d’Aventim à Wasquehal (Nord), en raison notamment du recours à du bois régional issu de la forêt de Chantilly. Dessiné par Coldefy et livré en juin 2023, les 1 320 m² de réhabilitation couplés à 1 858 m² de neuf pour un coût de 2 328 euros du mètre carré ont innovés avec des poteaux réalisés en chêne de Chantilly. « Nous avons remonté toute la filière pour ce projet et sommes allés voir sur place les arbres qui souffrent de la sécheresse », souligne Benoît Haddag, le directeur technique du promoteur. En plus de la structure en bois, le parement de façade est en bois brûlé local et l’isolation extérieur en en panneaux de fibre de bois.

Pacte bois biosourcé

Engagé sur le niveau or du pacte bois-biosourcés en Hauts-de-France en avril 2023, Aventim va dépasser son objectif de 40 % des surfaces construites avec du biosourcé sur cinq ans. Il ne sera pas le seul à dépasser ses objectifs puisque qu’au global les signataires ont réalisé, en 2024, 2,5 fois plus de surface que la tendance envisagée au départ. Les objectifs du pacte à cinq ans en région seront dépassés avec 656 000 m² déjà identifiés pour un montant de travaux estimé à 717 millions d’euros HT.

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