Elles font 35 x 35 cm, sont de longueur variable et ont été extraites du gisement de la Vallée heureuse, situé à moins de 20 km du chantier. Les pierres de taille utilisées en structure porteuse de la maison de pays réalisée à Licques (Pas-de-Calais) symbolisent le regain d'intérêt pour ce matériau naturel. « Nous étions en contact avec les carrières voisines de Marquise qui souhaitaient relancer la pierre pour la construction. Nous avons donc tout de suite pensé à ce matériau pour répondre au concours de la communauté de communes du Pays d'Opale qui souhaitait construire un bâtiment passif sur ce site remarquable. La collectivité a été emballée par notre projet qui n'était pas plus cher que les autres », résume Antoine Allard, architecte cogérant de l'agence lilloise Tandem +.
« Très esthétique, ce calcaire oolithique présente des qualités de robustesse structurelle et de protection contre la chaleur l'été. Et contrairement à beaucoup de matériaux, son prix n'a pas flambé : il a toujours été cher », sourit l'architecte. Pour compenser le coût élevé du matériau local (environ 600 000 euros pour 180 m³), l'agence a imaginé une conception très simple, facilitant la mise en œuvre. L'édifice de 1 233 m2 SP est ainsi composé de deux carrés légèrement décalés, avec, à l'intérieur de chacun, une structure également carrée, bâtie en pierres.
Pour laisser les pierres apparentes à l'extérieur, l'importante isolation nécessaire à l'obtention de la certification Passivhaus a été réalisée à l'intérieur. « Cela complique encore le chantier. Il s'agit d'être vigilant pour garder une bonne étanchéité. Nous travaillons heureusement avec un bon réseau d'entreprises », se réjouit Antoine Allard. Il ajoute que pour permettre à la lumière de rentrer malgré des murs très épais (70 cm), le projet met en œuvre, à certains endroits, des pierres biseautées.
Grues araignées. La répartition programmatique du bâtiment - crèche, maison médicale, école de musique et médiathèque, entre autres - a été pensée en fonction de l'ensoleillement : les dortoirs, par exemple, sont positionnés à l'est pour échapper aux rayonnements directs. Les pierres des murs formant les structures à l'intérieur resteront apparentes, tout comme celles de deux rideaux de colonnades à l'entrée. « Pour la taille des blocs, nous avons donné nos exigences à la carrière qui a réalisé elle-même le calepinage avec des longueurs moyennes de 60 cm mais pouvant aller jusqu'à 1,50 m. Pour leur pose, l'entreprise de gros œuvre Novebat utilise des grues araignées avec un protocole qui fonctionne très bien », détaille l'architecte qui assure la maîtrise d'œuvre du projet avec TW Ingénierie (BET), Sylvaine Duval (paysagiste) et Kiétudes (acousticien).
La charpente et les murs-rideaux sont réalisés en bois français (115 m3 ), mais non local faute de ressource suffisante disponible. Les fenêtres sont en aluminium et les linteaux, en béton. La toiture est végétalisée. Le chantier, dont le coût des travaux au moment du concours était de 3,5 M€ HT, a débuté en janvier 2022, pour une fin prévue au printemps 2024.