Bientôt une certification pour les centres de réemploi

En partenariat avec la Métropole du Grand Paris, le CSTB vient de lancer son dispositif de labélisation des plateformes de reconditionnement de matériaux du BTP. Quatre sites se sont déjà portés volontaires pour le tester.

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Dans un contexte où la pénurie des ressources devient une préoccupation majeure, le réemploi des matériaux s'impose. Mais il se heurte à des défis techniques, notamment la nécessité de garantir la conformité des produits au regard des normes actuelles. « C'est plus compliqué dans le secteur du bâtiment car ces objets sont construits pour des décennies. Les produits mis en oeuvre à l'époque répondent à d'anciens standards. Et depuis, les réglementations comme les exigences sociétales ont évolué. Il faut donc vérifier que le produit candidat au réemploi respectera les normes et les usages actuels, et cela pour les trente prochaines années de sa seconde vie », pose Étienne Crépon, le président du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).

Labéliser les processus de reconditionnement des produits réemployables

C’est à partir de ce constat que le CSTB, en collaboration avec la Métropole du Grand Paris, a décidé d’élaborer un signe de qualité à destination des centres de reconditionnement, pour structurer et sécuriser les pratiques de réemploi. « Les maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, bureaux de contrôle et assureurs doivent pouvoir s’assurer de la qualité et de la pérennité des matériaux réemployés. Et cela passe, en amont, par l’optimisation des processus de reconditionnement afin de pouvoir gérer des volumes suffisants pour mettre en place une économie viable », poursuit le président du CSTB.

À l’échelle de la métropole, « les pratiques ne cessent de s’étendre, avec des dispositifs pour faciliter l’installation des plateformes dans un foncier tendu, et des outils numériques », indique Xavier Lemoine, vice-président de la Métropole du Grand Paris. Dernier en date, lancé en juin 2025, BTP Match regroupe en un seul lieu les offres et les demandes en matériaux de réemploi, aujourd’hui dispersées entre de nombreux acteurs (catalogues de déconstructeurs, marketplaces, plateformes physiques, outils publics ou privés). Le projet a bénéficié du soutien de la Commission européenne dans le cadre du programme Horizon Europe, via la participation de la Métropole du Grand Paris au projet CircBoost.

Quatre plateformes tests

Quatre centres de reconditionnement du Grand Paris ont déjà été impliqués dans les travaux de recherche, pour aider au développement de ce signe de qualité au plus près des besoins des acteurs : Réavie, Cycle Up, Baticycle et Orak. Les plateformes physiques candidates devront démontrer leur capacité à mettre en place des processus de reconditionnement rigoureux, de la collecte à la revente. Un système de contrôle et d'audit par le CSTB ou ses partenaires permettra de garantir la qualité du reconditionnement. La prestation est payante. 

« Dans un second temps, nous souhaitons nous adresser à tous les acteurs du réemploi, c'est-à-dire les plateformes de l'économie sociale et solidaire, mais aussi les industriels qui développent des boucles de collecte de leurs produits pour les remettre à neuf et les réemployer », projette Étienne Crépon.

Ce signe de qualité sera disponible l'automne prochain pour l'ensemble du territoire. Il doit évoluer en marque, avec nom et logo associés. Il devrait représenter une avancée significative vers une économie circulaire plus robuste.

Une labélisation qui s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche
Cette démarche de labélisation des plateformes de reconditionnement, portée conjointement par la Métropole du Grand Paris et le CSTB, s’inscrit dans le cadre du projet de recherche international Preuse (pour, en français, Réponses du public pour permettre l'utilisation d'éléments de construction). Il vise à aider les autorités publiques locales et régionales à améliorer la gestion de leurs ressources matérielles et à mettre en œuvre des solutions sur leur territoire pour récupérer et réutiliser les matériaux de construction. Pendant 4 ans, de 2024 à 2028, les partenaires du projet travailleront à la mise en place d’une stratégie de développement de centres de réutilisation des matériaux de construction récupérés sur les chantiers de travaux publics. Ils étudieront une série de plans d'action locaux pour le développement futur des centres de réutilisation. Et ils testeront, au travers de trois projets pilotes, des formats innovants de ces centres. Des programmes de formation seront également au rendez-vous.

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