Les acteurs du secteur structurent leur offre d’abord en raison de la nature de la demande des particuliers autour des travaux de rénovation énergétique éligibles aux aides. Pour se positionner comme intermédiaires, ils s’adaptent aussi logiquement aux artisans : « La plateforme et l’accompagnement de A à Z se justifient sur un marché qu’on peut qualifier de “cassé”, entre, d’un côté, des artisans dépassés par les normes réglementaires et par la complexité des dossiers d’aides, et, de l’autre, des particuliers insatisfaits, qui cherchent le bouche-à-oreille », explique Matthieu Burin, fondateur d’Hemea.
Offre multidirectionnelle
Dans ce contexte, à partir de plusieurs leviers (certification RGE Certibat ou non, contractant général, tiers de confiance, délégataire, courtier…), chaque intermédiaire articule son offre dans plusieurs directions, y compris vers la sous-traitance. Par exemple, Effy propose un accompagnement des particuliers via la réalisation de travaux effectués par une cinquantaine de sous-traitants, mais peut aussi mettre simplement le particulier en relation avec trois artisans situés à moins de 30 km de son domicile tout en pouvant être mandataire du professionnel en matière d’aides sur certains travaux.
L’opérateur propose même aux particuliers ayant déjà un professionnel de gérer la partie des CEE : « Cette possibilité nous oblige à effectuer le contrôle des travaux auprès des clients et sur site » explique Audrey Zermati, directrice stratégique. Depuis un an, Effy « fait aussi office de MAR [Mon Accompagnateur Rénov’] ». C’est dire l’immensité du champ couvert ! De son côté, Hemea se dit « différenciant » : « Nous sommes tiers de confiance et garantissons le prix, la qualité et le délai, poursuit Mathieu Burin. En cas d’imprévu, nous couvrons jusqu’à 25% du montant des travaux plafonné à 50 000 € ». Les opérateurs peuvent effectuer eux-mêmes des pré-devis (Hemea) ou des devis (Cozynergy, IZI by EDF).
L’artisan a ensuite une marge de manœuvre (il a un devoir de conseil !) qui diffère selon les plateformes. Le compte séquestre, sur lequel le client verse les fonds et à partir duquel l’artisan est payé, est également mis en avant (chez Hemea et Illico Travaux, par exemple) et semble séduire particuliers et artisans. De la fourniture du matériel à l’avance de trésorerie dans le cadre de travaux aidés, l’intermédiation reste finalement difficile à étiqueter.« Avant de s’engager, prévient Mohamed El Hakeim (M&A Renov, Paris, 21 salariés), l’artisan a intérêt à se renseigner auprès de l’intermédiaire qui l’intéresse pour connaître sa procédure et son fonctionnement propre. » Un conseil salutaire !
Des viviers de 400 à 6 500 artisans
Une partie de la légitimité des acteurs de l’intermédiation de travaux prend sa source dans les artisans mobilisables. Hellio revendique 6 500 artisans RGE, Effy annonce 5 000 RGE tandis qu’Hemea avance 500 entreprises « labellisées », dont 30% RGE, réalisant 400 à 500 chantiers par mois. De son côté Cozynergy s’appuie sur un « réseau de 400 installateurs 100% RGE » alors qu’IZI by EDF dit compter 1 500 professionnels RGE « réguliers » alors qu’Illico Travaux évoque 5 500 artisans pour « 6 000 chantiers par an, sans tout miser sur la rénovation énergétique »