Le défi de ce chantier, qui nécessitait une organisation préalable bien huilée, a été largement relevé par Rémi Pachot, charpentier expérimenté. La totalité des éléments en bois massif de la construction a été pré-taillée en un mois par trois personnes dans l’atelier de l’artisan. La préfabrication, réalisée selon un savoir-faire traditionnel d’assemblage tenons/mortaises, a permis d’anticiper les 3 000 entailles des solivages, éliminant toute découpe sur site et optimisant les délais. La phase de montage de la charpente n’a duré que six semaines.
Un camion-grue et des poteaux de 20 mètres
L’emplacement du chantier, donnant sur une rue très étroite de Malakoff (Hauts-de-Seine), a contraint les architectes et le charpentier à trouver des solutions de mise en œuvre adaptées. Aucun stockage n’était possible sur place et aucun échafaudage extérieur ne pouvait être installé.
Le succès du montage rapide a donc résidé dans l’usage d’un camion-grue de 27 mètres, qui a permis de monter la totalité des éléments, y compris les poteaux verticaux de 20 mètres de hauteur, pouvant aller jusqu’à 150 kg. Les éléments ont été livrés étage par étage, au fur et à mesure du montage de la structure et assemblés par une équipe de cinq personnes.
Délais courts et budget réduit
Le camion grue a permis de tenir des délais courts, dans un budget maîtrisé, aidé par l’absence d’échafaudage qui a représenté une économie considérable. La sécurité a été assurée par des garde-corps, une solution validée par l’inspection du travail.
En complément, les façades à ossature bois ont été montées sur place et revêtues de panneaux créant une façade ventilée. L’adoption généralisée du bois, tant pour la structure que pour de nombreux aménagements intérieurs, fait de ce bâtiment une réalisation biosourcée et à faible impact carbone.
- Une mise en œuvre adaptée au contexte urbain
L’utilisation d’un camion grue de 27 mètres a constitué une solution innovante. Cette méthode a permis de contourner les contraintes d’une rue étroite en positionnant le véhicule et des stabilisateurs directement sur le site. Les avantages ont été doubles : une réduction significative des coûts et une optimisation des délais, en comparaison avec l’option traditionnelle d’un échafaudage.

- Des contraintes de poussées maîtrisées
La hauteur du bâtiment et son émergence par rapport aux constructions voisines imposent des contraintes de poussées latérales au vent. Pour pallier ce problème, la structure s’appuie sur deux éléments fixes qui bloquent ces contraintes aux extrémités : d’un côté, un noyau de circulation en maçonnerie, et de l’autre, un portail en lamellé-collé constitué de poutres de 80 X 20 cm de section.

- Des méthodes anciennes
En fin de chantier, l’installation d’un échafaudage destiné à la pose des façades a nécessité le retrait du camion grue. Pour pallier ce manque et monter les éléments du dernier niveau, Rémi Pachot a utilisé une chèvre, outil de levage ancestral, fabriquée par son père, lui-même charpentier.

- Un escalier en frêne
Rémi Pachot a aussi réalisé un escalier en frêne deux quarts tournant qui s’inscrit dans la continuité de l’escalier en béton. Il permet de franchir le dernier niveau, non desservi par l’ascenseur, et d’accéder à une terrasse.


- Du bois français traité
Les architectes ont choisi de laisser les solives et sous-faces des planchers bois, supports de chapes acoustiques et chauffantes, apparentes. Le choix du bois s’est porté sur de l’épicéa du Jura. Il offre un très bon rapport qualité/prix, une légèreté facilitant la manipulation sur chantier et une belle esthétique. Le ratio est de 65kg de bois utilisé au mètre carré. Toutes les poutres ont été traitées avec un vernis intumescent destiné à protéger l’ouvrage du feu. En gonflant, ce vernis crée une couche isolante qui ralentit la propagation des flammes et confère au bois massif une classification M1.

Architectes : croixmariebourdon architectes associés
Entreprise de charpente : SF IDF ; siège à Montlhéry (Essonne) ; 7 à 8 salariés