On prend les mêmes et on recommence... Comme en 2022, les organisateurs* de la prochaine Journée contre la précarité énergétique (le 23 novembre) tirent la sonnette d’alarme sur la précarité énergétique des ménages.
« En 2023, 31% des Français ont eu des difficultés à payer leur facture d’énergie, contre 22% en 2022et 14% en 2020. 26 % des consommateurs ont souffert du froid cet hiver, une proportion qui a presque doublé par rapport à 2020, alors que 79% d’entre eux ont restreint le chauffage pour éviter des factures trop élevées, c’est 26% de plus qu’en 2020 », a alerté Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, l’un des organisateurs, en conférence de presse à Paris le 14 novembre.
12 millions de précaires
La hausse des coûts de l’énergie, par exemple +15% en février puis +10% en août pour les clients EDF, amplifie la précarité énergétique des 5,6 millions de foyers concernés, soit 12 millions de personnes au total, selon l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE).
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Cette année, 73% des Français ont constaté une hausse de leur facture d’électricité, contre 57% en 2022, en raison de l’extinction progressive des boucliers tarifaires, selon les organisateurs de la Journée de la précarité énergétique.
« La dynamique de rénovation reste insuffisante »
MaPrimeRenov’ (MPR), principale aide de l’Etat à la rénovation, permet de financer des travaux d’isolation, de chauffage, de ventilation ou d’audit énergétique des 5,2 millions de passoires thermiques (dont le DPE est classé F ou G). Selon l’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE), ces logements représentent 19,6 % des maisons individuelles et 14,5% des logements en copropriété que compte la France.
Près de 670 000 rénovations ont été financées par MPR en 2022, pour un montant de 3,1Mds€. « Parmi ces réalisations, le nombre de rénovations globales, autrement dit en une seule fois, n’est que de 10%. La dynamique de rénovation progresse mais reste insuffisante », a souligné Léana Msika, responsable des affaires publiques de Dorémi, entreprise spécialisée dans la rénovation des logements.
Eco-PTZ augmenté
Pour y remédier, le gouvernement compte passer de 66 000 rénovations globales en 2023 à 200 000 l’an prochain. Pour atteindre cet objectif, le budget dédié à MaPrimRenov’ de 1,6 Md€, pour le porter à 4 Mds en 2024. Pour les ménages très modestes habitant dans des passoires thermiques dont les travaux de rénovation coûtent 70 000€, une baisse du reste à charge jusqu’à moins de 10% est espérée. « Les rénovations globales en une seule fois auront davantage d’aide financière que celles qui se feront en plusieurs étapes », a-t-elle résumé.
Les ménages victimes de précarité énergétique pourront bénéficier du cumul de MaPrimRenov’ et de l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) « qui a été prolongé et augmenté jusqu’à 50 000€ en 2024, contre 30 000€ jusqu’ici », a rappelé Léana Msika. Toute la question est d’accéder à ce prêt que les banques rechignent à attribuer aux ménages modestes et très modestes. « Cette réforme d’aides qui permettra de diviser par 4 à 8 leur consommation de chauffage grâce à la rénovation globale des logements qui améliorera leur trésorerie, ce qui leur facilitera l’accès à l’éco-PTZ », a-t-elle conclu.