Le chemin vers «la rénovation globale et performante» reste à tracer

Campant sur leurs positions, les acteurs de la rénovation thermique et le gouvernement ont convenu, au salon Renodays, qu’il y avait encore du travail pour décarboner à grande échelle le parc de logements anciens.

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Ecoutée par les acteurs de la rénovation de logements, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a prononcé un discours en ouverture du nouveau salon Renodays, le 12 septembre à Paris.
Ecoutée par les acteurs de la rénovation de logements, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a prononcé un discours en ouverture du nouveau salon Renodays, le 12 septembre à Paris.

« La rénovation globale, c’est l’idéal », a déclaré Valérie Mancret-Taylor, directrice générale de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) lors du débat de lancement de Renodays, nouveau « forum de la rénovation globale et efficace » organisé à Paris du 12 au 13 septembre par RX France (qui pilote aussi le Mipim). Un constat partagé par les acteurs privés de la rénovation énergétique et les pouvoirs publics, réunis autour de la même table devant une centaine de professionnels.

Cette approche, jugée plus efficace que le mono-geste depuis au moins 2021 par le gouvernement, les entreprises, les bailleurs et autres professionnels du logement, peine pourtant à s’affirmer. Seulement 10% des chantiers financés par l’Anah en 2022 ont coché la case « rénovation globale », c’est-à-dire comprenant les leviers de l’isolation, de l’énergie et de la ventilation, selon l’établissement public qui distribue les aides MaPrimeRénov’. En 2021, le poids de la « réno globale » s’élevait à 6%.

Les banques pointées du doigt

« Le réseau public France Rénov’ (qui a lancé cette semaine une énième nouvelle campagne de communication à destination des particuliers, NDLR) doit prendre en charge les ménages qui viennent vers lui pour s’adapter à leurs besoins, pour les embarquer dans les rénovations globales, d’un coup et tout de suite. Mais le problème, c’est qu’ils ne peuvent pas pour des raisons financières ou qu’ils ne consentent pas à une invasion de travaux à coordonner dans leur logement », a concédé Valérie Mancret-Taylor. Comme si impossible était bien français sur ce sujet.

Sans surprise, Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, a confirmé : « Malgré les aides locales et celles de l’Anah, le reste à charge reste trop élevé. Il faut tendre vers le zéro reste à charge, en ciblant les ménages modestes car c’est là où il y a le plus d’émissions de gaz à effet de serre. Un ménage aisé ne va pas rester pendant dix ans dans une passoire. »

L’éternel mur financier n’est pas près de céder. « Les établissements bancaires doivent se mobiliser (…) pour que les ménages modestes aient accès au crédit, via l’éco-PTZ », a rabâché Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique. Repoussée à plusieurs reprises, une réunion entre l’ex-ministre du Logement Olivier Klein et les banques en début d’année n’a débouché sur rien.

Hausse des contrôles

Le budget de MaPrimeRénov' doit passer de 2,4Mds€ en 2023 à 4Mds€ l’an prochain. « Cet effort doit être suivi d’effet », a appuyé Agnès Pannier-Runacher. Ce nouvel ajout de « carburant pour alimenter » la filière s’accompagnera, en 2024, d’une hausse de 40% des contrôles au titre des CEE, ces Certificats d’économies d’énergie complémentaires des aides de l’Anah (lire encadré plus bas).

Parmi les meilleurs élèves d’un secteur HLM en avance sur la maison individuelle et les copropriétés privées, Action Logement a profité de ce débat pour rappeler sa stratégie : « intégrer la dimension carbone pour aller au-delà du volet énergétique, de l’efficacité énergétique », a expliqué Nadia Bouyer, directrice générale du groupe.

Son plan de décarbonation de son parc immobilier, composé de plus d’un million de logements, consiste à traiter les passoires thermiques, ainsi que les logements D épargnés par l’interdiction de mise en location contenue dans la loi Climat et Résilience de 2021. Pourquoi aller si loin ? « L’élimination des étiquettes D est nécessaire » pour atteindre la neutralité carbone en 2050, dans le cadre de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) de 2015, a-t-elle rappelé.

Les solutions existent

L’horizon d’une France émettant autant de CO2 que ses puits de carbone en absorbent semble encore lointain. Il y a pourtant urgence à faire bouger les lignes, car le bâtiment fonctionne « comme un paquebot » qui avance lentement, a décrit Olivier Salleron, président de la FFB. Surtout que la crise du logement ne sera pas réglée dans l’immédiat. « Une seule des 20 propositions formulées dans le cadre du Conseil national de la refondation dédié au logement (dont les conclusions, rendues en juin dernier, ont déçu les professionnels, NDLR) a été retenue », a-t-il encore pesté.

La balle est dans le camp du gouvernement, qui promet à une date non déterminée un projet de loi sur la rénovation, pilier à privilégier au détriment de la construction neuve. Au grand dam d’Olivier Salleron, qui voudrait « 400 000 logements neufs par an », et non entre 302 000 et 360 000 comme souhaité par le Secrétariat à la planification écologique, rattaché à la Première ministre. Même désaccord sur les objectifs chiffrés de la rénovation globale : « 200 000 logements rénovés en 2024, ce n’est pas possible, a insisté Olivier Salleron. Il faut arrêter les annonces ! » Ambiance…

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