L'empreinte carbone, fil conducteur de l'innovation dans le béton

Face au défi environnemental et aux évolutions réglementaires, les cimentiers doivent réinventer leurs bétons pour réduire l'empreinte carbone tout en conservant les performances afin qu'ils restent incontournables dans l'acte de construire.

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La principale évolution dans le monde du béton depuis quelques années est la volonté des différents acteurs de diminuer l'empreinte carbone de ce matériau. Face aux exigences réglementaires et à l'objectif zéro carbone à horizon 2050, l'enjeu est clair selon Stéphane Herbin, directeur bâtiment, pôle applications de CIMbéton : « Il faut poursuivre l'engagement de la filière dans la décarbonation. Cela se traduit par l'évolution du ciment et par une mutation des combustibles en trouvant des solutions de substitution. » Le virage est accompagné par une mutation technologique, avec des outils de production qui évoluent chez les cimentiers.

Quelques acteurs sont déjà bien avancés, tel Hoffmann Green Cement Technologies. Julien Blanchard, président du directoire, explique : « L'empreinte carbone du béton est liée à 98 % au ciment. Nous avons donc mis au point une nouvelle technologie divisant par plus de cinq l'empreinte carbone du ciment et, par conséquent, du béton. Pour y parvenir, le procédé de fabrication est exempt de cuisson et utilise des déchets, et des coproduits comme les laitiers ou l'argile. Ainsi, nous obtenons un béton à 90 kg de CO2 par m3. Nous pouvons donc parler de béton décarboné. »

Le béton, matériau du futur

Matériau de construction très populaire mais également le plus utilisé dans la construction, le béton pâtit pourtant d'une réputation pas toujours très flatteuse. Son emploi est souvent déprécié, notamment en raison de son impact environnemental. Pourtant, Stéphane Herbin se montre optimiste quant à la capacité de ce produit à rester important : « Le béton est un matériau du futur. Ce matériau de proximité affiche une durée de vie très longue, deux éléments essentiels dans une approche environnementale de la construction. La R & D est très importante pour parvenir à baisser l'empreinte carbone, et surtout à pouvoir intégrer plus de produits recyclés afin d'entrer pleinement dans une économie circulaire. »

Les évolutions sont en cours aussi au niveau réglementaire. Julien Blanchard insiste aussi sur l'aspect économique du béton, qui le rend inévitable : il faut simplement « qu'il se verdisse ». Il importe également que les habitudes « constructives » changent vers une plus grande mixité des matériaux.

Utiliser des granulats différents

Julien Blanchard insiste sur la nécessité d'aller encore plus loin pour rendre le béton le plus vert possible : « Si nous savons produire du ciment décarboné, il faut donc maintenant s'attaquer aussi au sable noble et aux granulats nobles qui composent le béton. Il est impératif d'utiliser des granulats recyclés, mais aussi d'autres types de granulats liés à la fossilisation ou à des déchets. »

Une feuille de route pour 2050

Preuve de son engagement, l'industrie cimentière a publié une feuille de route de décarbonation à horizon 2050, qui vise l'objectif d'émissions de CO2 de 10,3 MTonnes en 2015 à 2 MTonnes en 2050.

Les leviers de réduction sont clairs :

- l'efficacité énergétique grâce à des usines plus performantes ;

- le remplacement des combustibles fossiles par des combustibles alternatifs et une augmentation de la part de biomasse dans ceux-ci ;

- l'utilisation de nouveaux ciments à plus basse teneur en clinker.

Une grande diversité de bétons

S'il est d'usage de parler « du » béton, il faudrait plutôt évoquer « des » bétons, tant ce matériau a évolué ces dernières années en une palette assez large de solutions, chacune ayant ses caractéristiques propres. Ainsi, outre les bas-carbone, la nouvelle gamme comprend notamment :

- le béton à haute performance (BHP), à la résistance élevée et à la faible porosité ;

- le béton fibré à ultra-haute performance (BFUP), aux propriétés mécaniques optimales et à la grande durabilité ;

- le béton autoplaçant (BAP), qui évite d'utiliser la vibration, un avantage en termes de sécurité et de confort de travail ;

- le béton armé Inox, qui résiste à la corrosion ;

- le béton dépolluant qui permet de réduire la pollution atmosphérique ;

- le béton de bois, qui absorbe les bruits ;

- le béton autonettoyant, qui reste toujours propre ;

- les bétons de fibres polypropylène, à la bonne tenue au feu.

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