La vague verte des élections municipales de juin 2020 a porté au pouvoir des candidats perçus par certaines entreprises de BTP comme des adeptes de l’écologie « punitive » défavorable à la construction.
Si le round d’observation a rapidement laissé place au temps des discussions, Olivier Salleron, président de la Fédération française du Bâtiment (FFB), classait encore il y a deux semaines le nouveau maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, parmi les « écolos extrémistes qui ont bridé le développement » de logements.
« Je suis un maire bâtisseur »
Réponse de l’intéressé, présent au Congrès HLM, organisé dans sa ville du 28 au 30 septembre : « Ceux qui me critiquent confondent maire bétonneur et maire bâtisseur, confie-t-il au Moniteur. Je suis un maire bâtisseur. »
Chiffres à l’appui. « Nous respectons les engagements pris dans le cadre du PLH. Nous étions sur une trajectoire de 3 000 logements par an. Nous nous y tenons. Donc nous construisons à Bordeaux autant qu’avant », déclare Pierre Hurmic, avant de rappeler : « L’an dernier, le nombre de permis de construire délivrés – 1 100 – a été le même que celui de 2019. » Meilleure année depuis 2010 en termes de délivrance de PC.
Pourtant, cela semblait mal parti. Dans la foulée de son élection, l’élu vert avait crispé les professionnels en annonçant un « moratoire » sur les grands projets immobiliers, avant de parler de « réorientation ».
Plus de logements sociaux
Il faut aussi rappeler le contexte : « 3 000 logements par an, c’est ce que nous permet le foncier. Dans huit ans, il n’y aura plus rien, et ce sera 1 000 logements en diffus chaque année », prévient Bernard Blanc, son adjoint chargé de l’urbanisme.
En matière de logement social, Pierre Hurmic vise les 25 % fixés par la loi SRU en 2025. Si Bordeaux affichait en 2020 un taux de 18,5 % de logements sociaux, soit 9 156 HLM manquants, la construction de 1 500 unités par an, contre les 1 000 prévues dans le PLH, doit permettre d’atteindre l’objectif. Cela passera nécessairement par de « petites opérations dans le centre ancien » au nom de la mixité sociale, lance-t-il aux promoteurs.
Moins d’artificialisation
Le monde du BTP est prévenu : pour travailler à Bordeaux, il faudra aussi respecter le label « Bâtiment frugal bordelais ».
Présenté en mai dernier, le document de 64 pages repose sur trois axes : faire mieux avec moins, bienveillance avec le territoire d’accueil et adaptation au contexte de demain. Il s’agit de « densifier, sans sacrifier nos espaces de nature », a résumé Pierre Hurmic, lors d’un débat au Congrès HLM sur l’objectif des 250 000 logements sociaux à bâtir en 2021 et 2022 à l’échelle nationale.
Le label sera opposable dans deux ans, après modification du PLU. Les acteurs devront alors « éviter l’artificialisation des sols » ou encore « favoriser des couleurs claires » pour « réduire l’effet d’îlot de chaleur ». « C’est une révolution locale, qui n’a rien à voir avec les chartes qu’on connaissait jusqu’à présent. Nous avons associé les promoteurs », appuie Bernard Blanc.
Et Pierre Hurmic d’ajouter : « Nos relations sont plutôt pacifiées avec les promoteurs. » Logique, leur fédération semble sur la même longueur d’onde que la nouvelle équipe municipale. « La FPI nous accompagne dans la mise en œuvre de ce label », assure même son adjoint. Cela doit se traduire, le mois prochain, par la signature d’un partenariat.