Des perspectives économiques peu réjouissantes pour le BTP

Approvisionnement, recrutement, moral des ménages... Le BTP n’est pas le secteur plus à plaindre, mais les prochaines années s’annoncent agitées, anticipe l’économiste Eric Heyer.

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Conjoncture, ciel sombre, grue, chantier, logement, Asnières (Hauts-de-Seine) novembre 2021
Le moral des chefs d’entreprises du bâtiment baisse depuis début 2023.

Des congressistes sont repartis avec le moral en berne. D’autres, un poil rassurés. Pendant une heure, ils ont écouté Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), invité par l’Union sociale pour l’habitat (USH) au Congrès HLM à Nantes le 4 octobre pour parler prospective. Le BTP n’est pas le secteur le plus à plaindre. Illustrations en quelques chiffres.

Eternel problème de recrutement

« Les difficultés de recrutement sont en hausse dans tous les pays développés », affirme l’économiste. En France, près de 80% des entreprises du secteur disent peiner à embaucher, niveau le plus haut depuis 2007.

Pour Eric Heyer, le concept de la « grande démission » a du sens aux Etats-Unis, où 50% des entreprises (tous secteurs confondus) ont du mal à recruter. Un record. Le nombre d’entreprises qui déclarent rencontrer des difficultés de recrutement augmentent aussi en Italie et en Espagne, mais restent bas (près de 10%).

Moral en baisse

En France, le moral des chefs d’entreprises du bâtiment demeure à un niveau plus haut que celui de leurs homologues de l’industrie et des services, mais il baisse depuis début 2023. Rassuré par des stocks plus élevés qu’à l’accoutumée, le secteur du bâtiment « investissait et embauchait massivement » jusque-là, rappelle Eric Heyer. Les difficultés à recruter n’aident pas, alors que les besoins – pour l’instant –  ne faiblissent pas sur les chantiers.

La demande devient le principal frein

Les ménages français n’ont plus le moral à cause « des salaires qui progressent moins vite que l’inflation ». Cette « perte de pouvoir d’achat » s’élève à 3,85% depuis 2021.

Résultat, la demande devient le principal frein. Fragilisés par la désertion des clients sur fond de hausse des taux d’intérêt, les constructeurs de maisons et les promoteurs immobiliers en savent quelque chose. Des licenciements sont en cours chez les premiers. Des plans sociaux sont envisagés chez les seconds.

Délais raccourcis

Fin mai, seulement 5% des entreprises du BTP en France considéraient que l’approvisionnement était un problème pour leur activité, niveau le plus bas depuis la crise des matières premières en 2021.

Baisse de productivité

Au deuxième trimestre, la production en France a augmenté de 1,7% par rapport au dernier trimestre 2019, avant la crise sanitaire. La construction est moins productive (-7,5%), l’énergie aussi (-5,6%), mais pas le secteur de l’information et de la communication (+20%).

Profiteurs de crise

En France, certains secteurs, comme l’énergie, ont profité de l’inflation pour « restaurer leurs marges », souligne Eric Heyer. Et le BTP ? « Un tout petit peu. »

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