« On est en train de décider de la suppression de gestes dans le cadre d’un futur budget qui n’est pas négocié. Soit on parle stratégie, soit on parle budget, mais on ne peut pas faire les deux à la fois », s’est indigné Jean-Christophe Repon à propos de la possible suppression de certains monogestes de l’enveloppe MaPrimeRénov’ à partir de janvier 2026.
Une sortie dans le ton de cette conférence de rentrée de la Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb) puisque le président de l’organisation professionnelle est aussi revenu sur d’autres sujets de contrariétés : les conditions de reprise du dispositif d’aide à la rénovation énergétique attendu fin septembre, les récents changements de calcul de la représentativité patronale et les chiffres relatifs à l’activité des artisans de la construction au 2e trimestre 2025.
Une période difficile malgré des indices d’amélioration
Dans sa note de conjoncture, la Capeb évoque « une activité en repli durable dans un contexte d’incertitude », avec une baisse globale de 4,5 % de l’activité dans l’artisanat du bâtiment au 2e trimestre 2025 sur un an.
Il a été observé que tous les corps de métiers subissaient un recul de leur activité, même si les entreprises de moins de 10 salariés sont moins impactées par rapport à l’année précédente (-4,5 % cette année contre 5 % l’année précédente).
D’un point de vue géographique, des disparités existent également : si toutes les régions sont en recul, le Centre-Val de Loire et la Nouvelle-Aquitaine sont particulièrement impactés avec des baisses respectives de 9 % et 6,5 %.
Si la tendance n’est pas non plus au recrutement - l’emploi salarié dans le BTP a baissé de 2 % par rapport à l’année précédente -, la Capeb constate des indices d’amélioration de l’activité, avec d’abord une augmentation du cumul sur 12 mois pour les autorisations (+ 1,1 %) et les mises en chantier (+ 2,9 %). Enfin, les ventes de logements anciens ont augmenté de 8,4 % en un an, « un signe positif dans les perspectives de chantiers de rénovation », s’est félicitée l’organisation patronale.
La reprise sous tension de MaPrimeRénov’
« Nous ne sommes pas satisfaits des arrêtés MaPrimeRénov’ qui risquent de paraître car on traite du budget avant de traiter la stratégie, a déclaré Jean-Christophe Repon. Si vous supprimez une majorité de monogestes, je ne vois pas bien comment tracer un parcours de rénovation énergétique. »
À compter du 1er janvier 2026, les chantiers de rénovation concernant les chaudières biomasse (bois ou granulés) et l’isolation des murs par l’extérieur ou l’intérieur (ITE ou ITI) pourraient ne plus être éligibles à MaPrimeRénov’, une possibilité loin d’être du goût de la Capeb, qui déplore des décisions qui rendraient plus difficile l’accession au marché pour les TPE au profit des grandes entreprises, selon l’organisation.
Pour Jean-Christophe Repon, l’essentiel est d’arriver à trouver des solutions avant le 8 septembre, date probable de la chute du gouvernement : « Nous y travaillons avec la ministre du Logement et espérons que les arrêtés sortent conformément à ce que nous avons défendu. Si ce n’est pas le cas, nous serons vent debout ».
La représentativité patronale : un sujet houleux
Début août, la Capeb fustigeait dans un communiqué la nouvelle méthode de pesée de la représentativité patronale, passant de 2 à 6 critères sur décision de la Direction générale du travail (DGT). « C’est indécent, c’est un délit de démocratie », s’est hérissé Jean-Christophe Repon le 4 septembre, ce dernier dénonçant des méthodes isolant la voix des quelques 62 000 adhérents de l’organisation patronale, dont la plupart se retrouvaient dans le champ des entreprises de moins de 10 salariés.
« On donne tout pouvoir aux grands, aux riches, aux puissants et on retire toute parole possible aux petits, aux créateurs d’emplois et aux essentiels », a déclaré le président de la Capeb, qui a annoncé déposer un recourt.
Qu’il s’agisse de la représentativité patronale ou des conditions de reprise de MaPrimeRénov’, Jean-Christophe a réaffirmé sa volonté de trouver des consensus par le dialogue, sans pour autant cacher sa détermination face à l’urgence : « Nous irons évidemment au bout de tous les recours légaux, mais s’il faut être radical, on peut l’être. »