Le réemploi veut passer un cap dans le Grand Est et le moteur de cette ambition se trouve chez les professionnels. Plusieurs d’entre eux, représentant surtout la maîtrise d’œuvre, ont lancé l’initiative d’un « Pacte réemploi » régional, qui a été consacrée ce 28 août par une cérémonie de signature à Metz (Moselle). Celle-ci a réuni les 30 premiers adhérents à la démarche pilote par Remise, une association que des professionnels de la construction ont constituée depuis quatre ans en vue de promouvoir le réemploi et favoriser la mise en relation entre son offre et sa demande. Or, si la plateforme Reemployez.fr conçue dans ce but par Remise « a créé un premier outil qui manquait, nous avons besoin d’aller plus loin pour donner une dimension significative au réemploi, en y impliquant l’ensemble de la chaîne de l’acte de construire », souligne Emilie Lemoine, présidente de Remise.
D’où l’engagement dans ce projet de « Pacte réemploi ». Inspiré de démarches similaires de la filière bois déployées dans plusieurs régions, il a rencontré un écho certain. Les 30 pionniers représentent en effet l’ensemble du monde du BTP, des maîtres d’ouvrages (collectivités, bailleurs, syndicats de déchets…) aux entreprises en passant par les AMO (assistants à maîtrise d’ouvrage) et les architectes et bureaux d’études. Remise espère en attirer une dizaine de plus avant la fin de l’année, ainsi que des bureaux de contrôle.

L’initiative a réuni l’adhésion de 30 premiers maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre, entreprises… © Association Remise
Matériauthèques de proximité et clauses dans les marchés
Ces signataires ont pris un engagement général à coopérer, mais ils promettent aussi d’y ajouter des mesures opérationnelles comme la mise à disposition de foncier afin de stocker des matériaux de réemploi, diffuser leurs inventaires de matériaux, etc. « Parmi les haies qu’il faut faire franchir au réemploi, comme son acceptabilité qui concerne l’anticipation bien en amont, l’assurabilité, les préjugés sur l’esthétisme, etc., nous autres collectivités pouvons agir en particulier sur deux leviers : créer des lieux pour les matériauthèques, ce qui relève avant tout des communes et intercommunalités pour l’impératif de proximité, et intégrer des clauses dans les marchés publics », relève François Werner, vice-président de la région Grand Est.
Hôte de la signature, le conseil régional compte s’engager dans cette voie, par analogie avec les clauses d’insertion sociale. Leur mise en œuvre occupe l’un des trois groupes de travail de lancement du pacte. Les autres se dédient à la rédaction d’un annuaire pour répertorier les compétences et à la question du coût du réemploi : « Nous souhaitons que ce sujet, qui suscite des conclusions très différentes, puisse trouver progressivement des points de référence, au fur et à mesure des expérimentations », souligne Alix Binaud, chargée de développement à Remise. L’association prévoit aussi de déployer, à partir de cet automne, des webinaires de formation et de partage d’expériences.
Le lancement du « Pacte réemploi des matériaux de construction » régional a mobilisé un budget de 104 500 euros provenant de l’Union européenne (fonds social FSE), de l’Etat (Fonds pour le développement de la vie associative – FDVA), du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle et de la métropole de Metz. Chaque adhérent, public ou privé, verse une cotisation proportionnelle à sa taille, le tarif varie de 40 à 800 euros annuels pour les entreprises du BTP.