Il n’y aura « pas d’annonces » lors sa première sortie publique du 25 au 26 septembre au Congrès HLM. Valérie Létard, dans son nouveau costume de ministre du Logement et de la rénovation urbaine, prévient dès son premier jour à Montpellier que les mesures anti-crise du logement ne pourront être présentées qu’après le discours de politique générale de Michel Barnier, prévu le 1er octobre. Un Premier ministre « lucide » sur la crise du logement, assure-t-elle.
A défaut de « baguette magique », l’ex-sénatrice du Nord a une méthode de travail : « Avant de décider, il faut être sûr de ne pas se tromper. » D’où l’organisation de « rencontres bilatérales, le plus possible », pour identifier les « priorités à court et moyen terme » des bailleurs sociaux et de leurs partenaires, comme les promoteurs bien représentés à ce congrès, de Nexity à Bouygues Immobilier en passant par European Homes.
« Soutien du logement abordable »
Au cocktail organisé par Action Logement, Bruno Arcadipane, président du groupe paritaire, met à l’aise la ministre : « Vous êtes, de longue date, chère Valérie Létard, un soutien indéfectible du secteur du logement abordable et de l’Anru. » Et d’ajouter : « Je n’oublierais jamais (…) le soutien décisif que vous nous avez publiquement apporté, il y a quatre ans, quand notre groupe était (…) menacé dans sa survie. »
Une référence au « travail partisan » de Valérie Létard avec ses anciennes collègues de la commission des affaires économiques du Sénat, comme Viviane Artigalas (PS) et Dominique Estrosi-Sassone (LR), présentes à Montpellier, rappelle Bruno Arcadipane. Les sénatrices avaient alors critiqué les « menaces de démantèlement du groupe Action Logement ». Et leurs contre-propositions avaient convaincu l’exécutif de l’époque.
Le premier bailleur social de France s’est depuis imposé comme un acteur incontournable du neuf. En témoignent les 34 400 logements commandés de l’été 2023 au printemps 2024 à plus de 500 promoteurs, dans le cadre de son plan d’achats en bloc qui tablait sur 30 000 réservations. Résultat ? « Des emplois préservés, 100 000 logements au sein de ces opérations qui vont se faire par effet de levier, et des chantiers qui continuent de tourner », se félicite Bruno Arcadipane, devant Pascal Boulanger, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), et d’autres dirigeants du métier.
« Messages » reçus, avant les arbitrages
Au cocktail de la Banque des territoires, autre moment clé du rendez-vous annuel des organismes HLM, Valérie Létard a « entendu les messages », en particulier sur le dispositif Seconde vie qui vise à allonger de 40 ans la durée de vie des logements sociaux.
« Nous attendons depuis plusieurs mois un ou deux décrets d’application sur la seconde vie. C’est incompréhensible et scandaleux. Nous en avons vraiment besoin pour décarboner le parc et éviter de démolir », insiste Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), la confédération des organismes HLM. « Un décret ne coûte pas d’argent », observe de son côté Eric Lombard, directeur général du groupe Caisse des dépôts, dont fait partie la Banque des territoires.
A l’heure de la rigueur budgétaire de l’Etat, le premier financeur du logement social ne réclame pas « une hausse de la dépense publique » pour soutenir ses clients qui se plaignent de la Réduction de loyer de solidarité (RLS), responsable selon eux de leur manque de ressources pour relever le double défi de construire et rénover. Non, Eric Lombard demande au nouveau gouvernement « de l’innovation », thématique d’un congrès qui fait la part belle aux start-up.
« Le poids est lourd sur les épaules d’une jeune ministre » à peine nommée, confie Valérie Létard. Contrairement à ses prédécesseurs Olivier Klein ou Patrice Vergriete, l’ex-assistante sociale n’est pas entourée d’une armada de conseillers techniques et attachés de presse. Elle est accompagnée d’une cheffe de cabinet et d’un conseiller de l’équipe de Guillaume Kasbarian, son prédécesseur. Sa directrice de cabinet est attendue le 26 septembre pour la séance de clôture, où il sera question de « réalisme » dans un contexte de redressement des finances publiques, a-t-elle averti. « Il y a des exigences financières. Nous perdrons des combats », a-t-elle encore annoncé.
Parfois émue et souvent souriante, Valérie Létard a été plusieurs fois applaudie. De quoi prendre une bonne bouffée d’oxygène, avant de négocier avec Matignon et Bercy en vue des arbitrages pour la production HLM et la décarbonation du parc social.