Si le retour d’un ministère du Logement de plein exercice a été salué à l’unanimité, le 24 septembre au Congrès HLM de Montpellier, par les cinq familles réunies au sein de l’Union sociale pour l’habitat (USH), des divergences émergent sur les solutions anti-crise.
Pour Marie-Noëlle Lienmann, présidente de la fédération des coopératives HLM, historiquement spécialisées dans la construction de logements dédiés à l’accession sociale, « l’urgence absolue, c’est une loi foncière de régulation ». Mais, reconnaît l’ancienne ministre socialiste, « les effets ne se verront pas immédiatement ».
Pour Yannick Borde, son homologue du réseau Procivis, qui comprend les métiers de promoteur et de bailleur social notamment, la priorité porte sur la demande. Il défend « un prêt à taux bonifié », qui serait plus bas que ceux pratiqués par les banques, mais pas forcément à 0%. L’élu mayennais encarté Horizons, le parti d’Edouard Philippe, en veut aux précédents gouvernements qui ont « attaqué » l’accession à la propriété. En témoigne le resserrement en 2024 du PTZ, au détriment de la maison individuelle, regrette-t-il.
« Arrêter le stop and go »
Comme les entreprises de bâtiment et d’autres métiers de la fabrique de la ville, Jean-Luc Vidon, président de la Fédération nationale des associations régionales HLM, demande aux décideurs politiques de la visibilité : « il faut arrêter le stop and go permanent sur les annonces, les gels de crédits », en référence par exemple au rabotage de l’enveloppe annuelle de 400M€ dédiée à la rénovation du parc social.
Valérie Fournier, présidente de la fédération des Entreprises sociales pour l’habitat (ESH), et Marcel Rogemont, président de la Fédération des offices publics de l’habitat (FOPH), par ailleurs ancien député socialiste, ne sont pas d’accord sur plusieurs points. Le pacte qui vise à doubler la production de logements locatifs intermédiaires (LLI) d’ici 2026 en est une illustration. La FOPH ne l’a pas signé en mars dernier avec le gouvernement Attal, contrairement aux coopératives HLM, aux ESH ou encore à l’USH. « Notre mission, c’est de loger des familles, des enfants, des femmes seules avec enfant(s), des vrais gens dans la difficulté », a insisté Marcel Rogemont.
D’accord sur la suppression de la RLS
Les deux figures du monde HLM demeurent toutefois sur la même ligne concernant la Réduction du loyer de solidarité (RLS), en place depuis 2018. Celle-ci représente « 6 points d’autofinancement en moins par an pour construire et réhabiliter des logements », a rappelé Valérie Fournier. D’où cette énième requête des pontes du logement social : sa suppression. Ambitieux, quand l’Etat cherche à réaliser des économies...
La nouvelle ministre du Logement et de la Rénovation urbaine Valérie Létard est annoncée à la séance de clôture du Congrès HLM, le 26 septembre. Il lui reste moins de 48 heures pour travailler son discours. Elle doit convaincre les bailleurs sociaux mais aussi les élus locaux et les promoteurs immobiliers. Tous l’attendent de pied ferme.