La restructuration de l'îlot Candie Saint-Bernard, au cœur du faubourg Saint-Antoine, posait, d'emblée, un certain nombre de problèmes : comment implanter 63 logements, 15 commerces, un parking de 330 places et un complexe sportif au sein d'un tissu dégradé, hétérogène, mais porteur d'une histoire perceptible à chaque cour, à chaque passage ? Comment articuler cet ensemble sans imposer un ordre totalement étranger, comparable, en somme, à celui d'une ZAC ? Comment, enfin, tirer parti d'un contexte, et, dans le même temps, lui offrir une nouvelle histoire, purement contemporaine ? C'est Massimiliano Fuksas qui, par son iconoclasme contextuel et sa volonté "d'éliminer l'homogénéité [du projet, afin qu'il puisse] s'enrichir des valeurs issues directement du contexte [...]", répondra à ces questions, et s'emparera des défis présentés par cet espace.
"Eliminer le concept de façade"
Ainsi, l'architecte italien fait de la contradiction et de l'hétérodoxie des atouts, et mêle, avec un brio inégalé, des images et des figures nouvelles - un gymnase aux trois-quarts enterré mais en prise avec la ville, et des courts de tennis ouverts sur la rue - à des références industrielles, mais surtout, à des matières parisiennes. Ainsi, l'ample et dynamique vague de zinc, devenue emblématique, côtoie des enveloppes légèrement bombées enduites de marmorella, le tout coiffé, en guise de comble, d'une longue boîte elle-même parée de zinc. Candie Saint-Bernard serait ainsi une histoire de volumes et de textures, de contrastes, mais non de formes et, en aucun cas, de façades. "Je veux éliminer le concept de façade [...]", se plaît à rappeler l'architecte, enclin, au-delà de la provocation, à explorer l'envers du décor et les replis d'un écrin. De fait, au temps des ZAC, Candie Saint-Bernard est à la fois la première micro-opération faubourienne et la plus radicale dans son traitement. Elle restera finalement sans équivalent.
Exposition "Œuvres construites/1948-2009. Architectures de collection Paris/Ile-de-France"
Jusqu'au 28 mars 2010
Au Pavillon de l'Arsenal (21, boulevard Morland - 75004 Paris)
Entrée libre du mardi au samedi de 10h30 à 18h30, le dimanche de 11h à 19h
