Dans le XIVe arrondissement de la capitale, un vaste puits s’ouvre entre les immeubles rangés de chaque côté de la rue Niépce. C’est là qu’ETPO et sa filiale Technirep creusent une deuxième sortie à la station de métro Pernety. Mise en service en 1937, celle-ci dessert la ligne 13, l’une des plus fréquentées du réseau parisien avec 115 millions de passagers par an. Une fréquentation qui devrait encore s’accroître une fois son automatisation achevée, anticipe la RATP.
Le nouvel escalier, assorti de locaux techniques réalisés simultanément, sera mis en service en août 2026. Un projet pour lequel le chantier doit composer en permanence avec le peu d’espace disponible aux abords de la station, dans un quartier à forte densité. « Nous travaillons à 1,50 m des bâtiments », souligne Romain Desseaux, ingénieur travaux chez Technirep en charge du projet.
Deux puits voisins.
Première conséquence de cette étroitesse : les excavations ont été divisées en deux puits voisins, creusés l’un après l’autre pour permettre aux services de secours d’accéder aux immeubles de la rue. « Ce phasage en deux étapes est la conséquence directe de la portée de l’échelle des camions de pompiers », précise Romain Desseaux. Le puits n° 1, qui s’étend sur 14 m x 9 m, a été creusé au ras de la station et l’ouverture vers le quai pratiquée depuis l’extérieur afin de garantir la sécurité des voyageurs. Sur la plateforme, l’emprise du chantier est minime, moins de 1 m de largeur.
Pour assurer la stabilité des puits sur ce site très construit, la RATP, maître d’ouvrage, a exigé la mise en place d’un blindage traditionnel, avec 10 niveaux de liernes répartis sur 10 m de profondeur. « Or, si le puits n° 2 est carré, le puits n° 1 a une forme irrégulière et la combinaison des liernes, des butons et des bracons crée à l’intérieur une dizaine d’espaces séparés qui complexifient énormément le déplacement des terres », souligne Romain Desseaux. A ces systèmes de confortement, il faut ajouter un égout qui traverse le site sur toute sa longueur, créant une contrainte supplémentaire. En surface, le peu d’espace disponible empêche la pelle principale d’accéder aux côtés du chantier et de se déplacer d’une extrémité à l’autre. Enfin, comme la place manque pour stocker la terre excavée à proximité du chantier, celle-ci doit rester au fond des puits jusqu’à son évacuation.
Une multitude de petites phases.
Cette kyrielle d’impératifs a amené les équipes à organiser un relais entre les mini-pelles qui déplacent les déblais d’un espace à l’autre au fond des puits, elles-mêmes déplacées de zone en zone par une grue mobile télescopique rotative, le tout de manière à regrouper la terre au pied de la pelle d’une capacité de 15 t, qui l’extraira. « Cela crée une multitude de petites phases et nous oblige à penser le puits depuis le dessus », explique l’ingénieur travaux de Technirep. Un procédé qui exige du temps : le creusement du puits n° 1 (environ 1 200 m3 ) a demandé près de six mois. Grâce à sa forme quasi carrée (9,50 m x 8,50 m), la moitié a suffi pour terrasser le puits n° 2.
Afin de sécuriser les interventions, chaque tranche du chantier a été modélisée en BIM. « Le puits n° 2 a des parois en béton coulé et, comme il est symétrique, nous pouvions réutiliser les coffrages. La maquette numérique nous a permis de gérer les interfaces entre les coulages et les butons », explique Romain Desseaux. Les butons, toujours eux, rendent impossible l’utilisation d’éléments préfabriqués pour l’escalier qui sera donc coulé en place. Les travaux de génie civil s’achèveront à la fin de l’automne. La RATP prendra alors le relais avec la mise en place des passages de câbles, des armoires électriques ou encore des systèmes de ventilation.
Informations techniques
Maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'œuvre : RATP. Bureau d'études : Enser. Entreprises de travaux : ETPO (mandataire) et Technirep, toutes deux filiales de Spie Batignolles ; Capaldi (métallerie). Dates du chantier : de janvier 2024 à février 2026. Montant de l'opération : 4,2 M€ HT.

