Equipement scolaire : un îlot de verdure pour la maternelle

Transformer une friche commerciale en « île aux enfants », tel était le défi qu’a relevé en trois années la commune de Pamiers (Ariège). La parcelle, occupée auparavant par un supermarché Lidl et un parking, accueille depuis l’an dernier l’école maternelle Marcel-Pagnol et un jardin public. Le tout, entouré de canaux remis en valeur. « Nous avions un site et un programme idylliques, comparables à ceux d’un diplôme de fin d’études », savoure l’architecte Coralie Bouscal, l’une des trois associées, avec Vanessa Larrère et Claire Furlan, de l’agence toulousaine Oeco. Epaulées par Eskis, une équipe de paysagistes installée à Montpellier (Hérault), elles ont conçu et réalisé un projet où bâtiment et aménagement vivent en osmose.

Trois nouvelles passerelles donnent accès à cette île en forme de goutte. La pointe, orientée au sud, est dédiée au jardin public, composé d’une allée arborée, d’une pelouse et d’une aire de jeux. A l’est, un chemin pavé de galets clivés longe le cours d’eau, mais aussi la cour d’école, imaginée dans le même style comme une oasis de verdure et un terrain d’aventures. Grâce aux plantations disposées de part et d’autre d’une fine clôture métallique, ces deux espaces extérieurs, jardin et cour, semblent ne faire qu’un. Les six classes, la cantine, les dortoirs et les deux salles de motricité sont regroupés dans la zone la plus large du terrain, au nord et à l’ouest, et forment un écran vis-à-vis de la route.

Toits végétalisés.

« Le bâtiment se déplie le long de la promenade des Maquisards et suit les méandres des canaux, décrit l’architecte Vanessa Larrère. Les pentes végétalisées du toit, visibles depuis la colline d’en face, fabriquent un paysage qui prolonge celui du jardin. » Le positionnement précis des volumes construits, au nombre de quatre, est le fruit des échanges nourris entre Oeco et Eskis. « Nous avons multiplié les allers-retours pour savoir exactement ce que les enfants verraient depuis l’établissement, explique Coralie Bouscal. En fin de compte, ils n’en perçoivent que des parties, jamais l’ensemble, ce qui le rend plus accessible, intime et à leur échelle. » L’édifice de 1 730 m² est donc fragmenté. Les différents blocs, qui ont chacun leur fonction, sont pivotés, décalés ou imbriqués de manière à casser la linéarité, ménager des failles de lumière et diversifier les points de vue. A l’intérieur de la structure, réalisée essentiellement en bois, la circulation centrale tantôt rétrécit, tantôt s’élargit tout au long du parcours, comme autant de respirations. Cette configuration est due à la présence d’ateliers pédagogiques qui bordent astucieusement les trois paires de classes. Celles-ci sont séparées du couloir par des cloisons en briques de terre crue qui participent au confort thermique.

« Les enfants ne perçoivent que des parties de l’établissement, jamais l’ensemble, ce qui le rend plus accessible, intime et à leur échelle. » Coralie Bouscal, architecte

Renouvellement urbain.

« Que ce soit en termes de design, de matériaux ou de végétalisation, cette école maternelle est un lieu d’apprentissagequasi paradisiaque avec, en plus, le jardin paysager à côté », s’enthousiasme Pauline Quintanilha, adjointe à la maire de Pamiers, en charge de la construction publique. Après avoir mené à bien son projet de regrouper deux établissements devenus inadaptés, la municipalité ambitionne de redynamiser tout un quartier : l’îlot Sainte-Claire. L’opération s’inscrit dans le cadre du NPNRU, qui prévoit notamment la création d’une cinquantaine de logements. « Nous investissons ici pour faire revivre le centre-ville et donner envie à de nouveaux habitants de s’y installer, précise l’élue. Nous nous projetons aussi dans l’avenir grâce à la réserve foncière qui permettra d’étendre l’école d’une à deux classes d’ici une décennie. »