Suspension de MaPrimeRénov': les monogestes épargnés, les entreprises du bâtiment soulagées

La Fédération française du Bâtiment n’aura finalement pas besoin de faire descendre des grues dans la rue pour manifester, comme elle le laissait entendre. Le gouvernement a revu sa copie mais le dispositif d'aide à la rénovation ne reste pas moins l’objet de réflexions pour réaliser des économies.

MaPrimeRénov'
Les travaux de rénovation comme le remplacement d'une chaudière par une pompe à chaleur vont finalement continuer à bénéficier de MaPrimeRénov' pendant l'été.

C’est une victoire pour la Fédération française du Bâtiment (FFB) : la suspension du dispositif MaPrimeRénov' pour cet été devant débuter au plus tard le 1er juillet ne concernera pas les monogestes.

Pour rappel, ces derniers concernent par exemple le changement d’une fenêtre, la mise en place d’une pompe à chaleur ou encore la réalisation d’une isolation alors que les rénovations d’ampleur qui combinent plusieurs travaux. « L’absence de gel de l’aide aux monogestes redonne de l’espoir à des centaines de milliers d’artisans et entrepreneurs du bâtiment », se réjouit Olivier Salleron, le président de la FFB.

Les fraudes aux rénovations d’ampleur dans le viseur

La fermeture du guichet pour les nouveaux dossiers MaPrimeRénov' cet été ne concernera pas les copropriétés comme l’avait déjà annoncé le gouvernement. Cette pause s’appliquera uniquement à la rénovation globale. « Sur 2025, nous avons constaté le développement de la fraude sur rénovation d’ampleur, donc sur des montants plus importants et qui nécessitent une vigilance toute particulière, explique le porte-parole du ministère du logement. Nous avons relevé 16 000 dossiers suspects ou potentiellement frauduleux depuis le début de l’année. »

En 2024 tous travaux confondus, la fraude évitée s’était chiffrée à 229 millions d’euros et la fraude avérée (argent décaissé) à 8 millions d’euros. En comparaison, MaPrimeRénov' bénéficie d’un budget de 3,6 milliards d’euros.

« Deux raisons expliquent que les monogestes sont moins susceptibles d’être concernés par la fraude, explique Olivier Salleron. Premièrement le montant moins important, de l’ordre de 3 000 euros au maximum. Alors que si vous réussissez votre coup sur un dossier de rénovation d’ampleur, vous partez avec 50 000 ou 70 000 euros par opération.

Par ailleurs, l’Anah a réussi à circonscrire la fraude sur les rénovations par gestes en trouvant le moyen de bloquer la majorité des dossiers frauduleux. En revanche sur la rénovation d’ampleur, il y a un vrai développement sur les six derniers mois avec des méthodes de fraude que l’Anah a du mal à bloquer. »

Le coût croissant de MaPrimeRénov' difficilement soutenable pour le gouvernement

Outre les fraudes, le MaPrimeRénov' fait face à deux écueils financiers, le premier étant d’être victime de son succès. « Vu le rythme des dépôts, certes le budget n’est pas épuisé mais le sera plus vite que prévu, explique le porte-parole du ministère du logement, plutôt en neuf mois que douze, ce qui conduirait à ne pas pouvoir engager les dossiers correspondant pendant l’année 2025 et les reporter en 2026. Cela n’est pas souhaitable et cela fait attendre extrêmement longtemps les ménages. »

Le deuxième point d’inquiétude du gouvernement concerne l’augmentation du coût des travaux qui a progressé de 7 % entre 2024 et 2025 « sans rapport réel avec l’inflation sur la même période ce qui pose des problèmes de soutenabilité du dispositif à long terme. »

Pour contenir le budget MaPrimeRénov', plusieurs pistes sont envisagées comme ne plus rendre éligibles les logements classé D sur le DPE (16 % des dossiers de rénovation d’ampleur). « La priorité sur ces logements n’est pas forcément évidente et nous allons affiner prochainement comment se recentrer sur les logements classés F et G », poursuit le porte-parole du ministère. Parallèlement, il est prévu que le plafond de travaux subventionnables ne dépasse pas 50 000 euros, bien que les négociations à ce sujet doivent encore être menées.

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