« 2023 est une très très bonne année pour Spie », s’est félicité Gauthier Louette, président-directeur général du groupe de services multitechniques, lors de l’annonce des résultats du groupe le 7 mars. Les chiffres en témoignent puisque l'entreprise enregistre une croissance organique de 8,4 %, tandis que la croissance totale de la production est moins élevée à 7,6 % à cause de la cession des activités du groupe au Royaume-Uni en 2022. Spie affiche ainsi une chiffre d’affaires (CA) de 8,7 Mds€ en 2023.
Ce bilan reflète « un effet inflation que l’on a su répercuter à nos clients, alors que la décarbonation et l’efficacité énergétique sont devenues des composantes importantes pour ces derniers, touchés par l’augmentation du prix de l’énergie », explique Gauthier Louette. D'où une hausse de ses activités de services liés à l’énergie.
Une territoire allemand porteur
Sans conteste, les marchés allemand et d’Europe centrale sont devenus la figure de proue de la croissance du groupe. Alors que le chiffre d’affaires français augmente de 5,5 % à 3,076 Mds€, celui de l'Allemagne atteint 2,445 Mds€ (+8,6 %), et le périmètre global comprenant l'Allemagne et l'Europe centrale +14,2 % à 3,213 Mds€.
« Nous essayons d’être présent sur l’ensemble du spectre économique des territoires où nous sommes présents. Puisque l’Allemagne représente 150 % du PIB français et a une industrie presque trois fois plus importante, nous devrons donc, à terme, être une fois et demi plus gros dans ce pays. C’est une tendance naturelle », affirme Gauthier Louette. Le territoire nord-ouest européen est, quant à lui, en baisse de 0,6 % à 1,809 Md€ avec la cession des activités anglaises, tandis que le chiffre d’affaires des services liés à l’énergie et au nucléaire (0,609 Md€) est en augmentation de 12,8 %.
Une bonne marge et beaucoup d’acquisitions
Spie enregistre aussi une excellente progression de son Ebita de 14,3 % à 584,2 M€, avec une marge de 6,7 % en augmentation de 40 points par rapport à 2022. Des performances qui s’expliquent selon le groupe grâce à une productivité accrue et une plus grande sélectivité de ses marchés dans un contexte de forte demande. Le groupe affiche aussi un cash-flow de 427 M€, contre 315 M€ en 2022, avec un cash-conversion de 109 % et un levier d’endettement financier de 1,2X contre 1,6X en 2022. Son besoin en fonds de roulement est enfin de -884,2 M€, contre -824,2 M€ en 2022.
« C’est résultats nous permettent de soutenir notre stratégie de croissance externe en bolt-on, et la diversification de nos activités, notamment dans l’éolien offshore », précise Gauthier Louette. Spie a réalisé en 2023 neuf acquisitions qui représentent un chiffre d’affaires cumulé de 702 M€. La plus significative est Robur, une entreprise allemande aux 380 M€ de CA et spécialisées dans les services à l’industrie ainsi que la maintenance des éoliennes. « Nous étions totalement absent du secteur de l’industrie en Allemagne », précise le P-DG de Spie. Côté éolien offshore, le groupe se positionne en France grâce au rachat de Correll group (55 M€ de CA).
Neuf acquisitions en 2023
- Robur, Allemagne, 380 M€ : services aux industries et maintenance éolien
- Groupe Bridging IT, Allemagne, 140 M€ : information et communication
- ECS, Allemagne, 22 M€ : information et communication
- Réseaux environnement, France, 38 M€ : déploiement de réseaux
- AVM Up, France, 22 M€ : information et communication
- JD Euroconfort, France, 11 M€ : CVC
- IMI Aero-Dynamiek, Pays-Bas, 6 M€ : CVC
- Grid Solutions, Pays-Bas, 28 M€ : sous-stations à haute tension et infrastructures moyenne tension
- Correll Group, 55 M€ : éolien offshore
Des objectifs carbone réaffirmés
Côté RSE, Spie continue de faire en sorte de remplir ses objectifs. 48 % de ses activités sont alignées sur la taxonomie européenne en 2023 (50 % doivent l'être en 2025), tandis que le groupe a baissé de 10 % ses émissions de CO2 sur ses scopes 1 et 2 (-25 % en 2025).
Côté ressources humaines, le groupe a embauché 6 300 salariés en 2023, dont 1 300 apprentis. Cependant, Spie accuse le coup d’une augmentation de 25 % des accidents graves, au nombre de 20 en 2023 contre 16 en 2019, avec une objectif de baisse de 50 % en 2025. « Ce sont avant tout des accidents d’électrocution, de circulation ou des chutes, précise Gauthier Louette. Mais nous avons cependant un taux de fréquence avec arrêt ou sans arrêt de travail en baisse. »
Vers une croissance plus faible en 2024
Pour le P-DG de Spie, pas besoin de changer une recette qui marche en 2024, « même si nous prévoyons une croissance organique plus faible de 4 %. Nous allons continuer d’être actif sur le plan des acquisitions, rester au-dessus des 100 % de cash-conversion, tenir nos objectifs de développement durable et viser une marge de 7 % en 2025. » Pour améliorer ce dernier point, « nous comptons sur le mixe de nos activités, sur l’amélioration opérationnelle, mais aussi sur notre taille, qui nous permet de choisir davantage nos batailles », observe le dirigeant. En France, le groupe va continuer ses acquisitions bolt-on dans l’industrie, dans les systèmes d’information et communication et dans le domaine de la distribution de l’énergie.