Rénovation énergétique : « Le calendrier reste réaliste »

Acteurs et législateurs, réunis dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur la rénovation énergétique, considèrent que les objectifs d’éradication des passoires thermiques au sein du parc social sont tenables.

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Le centre ancien de Perpignan fait partie des 25 premiers sites retenus dans le cadre de la démarche Quartiers Résilients.
Le centre ancien de Perpignan fait partie des sites retenus dans le cadre de la démarche Quartiers Résilients, citée par Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’Anru, devant la commission d’enquête parlementaire sur la rénovation énergétique.

Plus que 19 mois. En janvier 2025, les logements classés G seront interdits à la location. En 2028, ce sera au tour des F ; et en 2034, des E. Dans le parc social, ce calendrier fixé par la loi Climat & résilience de 2021 « reste réaliste », se félicite le sénateur écologiste Guillaume Gontard.

Les bailleurs sociaux sont « capables de le respecter, mais pas d’accélérer » les travaux, lui répond Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), auditionnée le 10 mai dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire sur « l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique des bâtiments », au lendemain de la table ronde avec la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb), la Fédération française du bâtiment (FFB) et le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE).

En cause, principalement : la remontée du taux du Livret A, qui finance le logement social. Une hausse de seulement 1% représente « une perte de 15M€ par an » pour la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), estime Simon Molesin, son directeur du patrimoine.

« Respecter la loi », pas plus

A l’échelle nationale, la barre est haute : il s’agit d’éradiquer en dix ans un million de logements sociaux classés G, F ou E, sur les 5,5 millions que compte le parc social. Fragilisés par la réduction de loyer de solidarité (RLS) ou encore la hausse des coûts travaux, les organismes HLM ont rénové en moyenne 93 000 unités par an, de 2019 à 2022. Coût annuel : près de 4Md€, selon l’USH.

Sans visibilité financière (CEE, subventions…), les bailleurs sociaux, dont les capacités d’autofinancement s’amenuisent sur fond d’inflation, ne dépenseront pas les 10 000€ supplémentaires nécessaires pour atteindre l’étiquette C, mais se contenteront de « respecter la loi », en visant la classe D du diagnostic de performance énergétique (DPE), avertit Emmanuelle Cosse. Et d’enfoncer le clou : « C’est complètement idiot de ne pas aller un peu plus loin pour des questions financières. »

Et le confort d’été ?

En complément des travaux de sobriété voulus par le gouvernement, la décarbonation s’impose. Emmanuelle Cosse dégaine les chiffres. « C’est beaucoup », 2% du parc HLM qui carbure encore au fioul. Et pose la question qui fâche : Le réseau électrique pourra-t-il alimenter les 2,5 millions de logements sociaux chauffés au gaz importé et carboné, alors que 21 des 56 réacteurs nucléaires du pays étaient à l’arrêt en décembre dernier ? Sans réponse.

Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), qui finance le traitement de 250 000 logements au sein de 450 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), insiste de son côté sur le confort d’été, cet oublié des dernières politiques publiques de rénovation : « 70% des habitants des QPV ont souffert de la chaleur (l’été dernier, NDLR), contre 55% » dans le reste du parc résidentiel. « Nous avons plus de réclamations sur la chaleur ressentie l’été que sur le froid ressenti l’hiver », complète Simon Molesin, de la RIVP.

Une demande des collectivités

Au-delà de l’adaptation au changement climatique, « la question énergétique » ne doit pas être l’oubliée du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU), souligne Anne-Claire Mialot. C’est même une demande des collectivités. En témoigne le « quart des 25 premiers lauréats de la démarche Quartiers résilients (qui) nous demande une intervention renforcée sur le sujet », témoigne-t-elle.

Car à date, la manne publique - 45Mds€, dont 12Mds€ par l’Anru - dédiée à la deuxième vague de rénovation des QPV vise à redessiner un morceau de ville, à le rendre mixte, pas à réduire les consommations énergétiques ni à en finir avec les énergies carbonées. Tout un (nouveau) programme.

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