Interview

«Le partage des expertises avec nos fournisseurs est essentiel», Olivier Bancel (SNCF Réseau)

Olivier Bancel, directeur général exécutif chargé des projets, de la maintenance et de l’exploitation du gestionnaire d’infrastructures, détaille au « Moniteur Matériels» la stratégie d’entretien, de maintenance et de modernisation des 28 000km de lignes du réseau ferré français sur lesquelles plusieurs centaines de machines interviennent chaque jour.

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Olivier Bancel, directeur général exécutif chargé des projets, de la maintenance et de l’exploitation de SNCF Réseau.
Olivier Bancel, directeur général exécutif chargé des projets, de la maintenance et de l’exploitation de SNCF Réseau.

En quelques chiffres, quel est le bilan 2024 des missions de maintenance et de modernisation de SNCF Réseau ?

En 2024, SNCF Réseau a investi 5,8Mds€ dans le réseau ferré, dont 3,2Mds€ dédiés à des travaux de régénération. En tout, 1600 chantiers majeurs, supérieurs à un million d’euros ou à fort enjeu, ont été réalisés. Ils représentent le renouvellement de 1000km de voies, le contrôle ou le remplacement de 400km de caténaires, le remplacement ou la suppression de près de 500 aiguillages. Près de 30 000 agents SNCF Réseau et des centaines de prestataires sont intervenus sur le réseau ferré.

Quel est le parc de matériels à votre disposition pour réaliser ces travaux ?

Nous comptons un millier de machines de toutes tailles, qui se répartissent en deux grandes catégories : les machines dites ferroviaires, comme les trains outils et les machines plus banalisées comme les engins rail-route. S’ajoutent des matériels spécialisés comme pour le contrôle des ouvrages d’art. La valeur neuve de notre parc s’élève à plus de 600M€. Après un effort d’investissement d’environ 500M€ au cours de la décennie passée, environ 30M€ sont investis dans ce parc chaque année depuis 2020.

A quels travaux est affecté ce parc propre et comment procédez-vous pour les autres chantiers ?

Notre parc propre est principalement affecté à la maintenance courante du réseau ferré, à la surveillance et à des opérations très spécifiques nécessitant des engins spéciaux. Pour les autres chantiers, nous procédons par appels d’offres. Chaque année, ces derniers représentent plusieurs milliards d’euros d’achats de prestations. Les entreprises sélectionnées interviennent avec leurs propres machines. Tel est le cas des nouveaux trains de suite rapide des caténaires par exemple.

Qu’attendez-vous de vos fournisseurs lors des appels d’offres ?

Le dialogue et la concertation sont au cœur des appels d’offres, avant, pendant et après. Ces échanges permettent d’évaluer les travaux à réaliser en partageant les expertises et les diagnostics. Dans une recherche et une volonté d’optimisation des coûts et des parcs, la question de concevoir de nouvelles machines est systématiquement mise en concurrence avec l’utilisation de plateformes d’engins existants, techniquement éprouvés. 

« Environ 30 M€ par an sont investis dans notre parc matériels »

En 2024, SNCF Réseau a investi 5,8Mds€ dans le réseau ferré, dont 3,2Mds€ dédiés à des travaux de régénération.

Et en termes de services et de sécurité ?

Nous sommes très attentifs au taux de disponibilité des machines engagées sur les chantiers. Au sein de notre propre parc d’engins, l’augmentation de ce taux est un axe d’amélioration comme le taux d’utilisation qui semble plus pertinent pour les propriétaires de machines. Préalables à chacune de nos actions, la sécurité et la sûreté de nos personnels, au même titre que ceux de nos partenaires, fondent notre projet d’entreprise. Elles sont à l’origine de la démarche « Nos vies, nos priorités » qui fixe notamment pour objectif, de réduire de 35% la fréquence des accidents de travail avec arrêt. Soit passer de 10,5 en 2018 à 6,8 en 2026.

Comment évaluez-vous les démarches et les investissements environnementaux de vos fournisseurs dans leur parc d’engins ?

Les motorisations des parcs machines doivent se conformer aux règles environnementales en vigueur. Au-delà, nos optimisations réduisent notre empreinte carbone. La taille de notre parc propre est passée de 1600 machines en 2017 à un millier aujourd’hui. Elles sont mieux utilisées et plus sobres énergétiquement sachant que la performance environnementale des engins ferroviaires dédiés à la maintenance est encore perfectible.

Les coupes budgétaires annoncées en France vont-elles se ressentir sur votre programme d’investissements ?

A court terme, jusqu’en 2027, nous avons une vision et la trajectoire de régénération du réseau ferré augmente. Il est important en revanche que la programmation des investissements soit clarifiée après 2028. Les appels d’offres que nous lançons ont des durées de 5 ans en règle générale.

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