0 of 5
Ce lundi 2 décembre à Marseille, dans les salons de la préfecture des Bouches-du-Rhône, le moment était solennel pour présenter les premières images de la future nouvelle gare Saint-Charles. Représentant un investissement de plus de 1 milliard d’euros, ce volet de la Ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur (LNPCA), dont les phases 1 et 2 ont été déclarées d’utilité publique en 2022, prévoit la création, à 26 m de profondeur, d’une gare souterraine de 400 m de long, 47 m de large et 25 m de haut, sous la partie est de l’actuel plateau ferroviaire. Quatre voies doivent pouvoir y accueillir les TGV qui transiteront par 8 kilomètres de tunnel. Car l’enjeu principal de cette extension est de ne plus faire de la gare marseillaise un cul-de-sac.
17 millions de passagers attendus
Combinée à la réorganisation des voies de surface et au réaménagement des voies littorales entre Marseille Saint-Charles et L’Estaque, au nord, l’opération va « amener de la capacité, de la régularité et un gain en temps de parcours », a rappelé Matthieu Chabanel, président-directeur général de SNCF Réseau, venu présenter le projet avec Marlène Dolveck, directrice générale de SNCF Gares & Connexions, aux côtés de Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, président de la région Sud-Paca, Martine Vassal, présidente la métropole Aix-Marseille-Provenc, et Audrey Gatian, adjointe en charge des mobilités à la Ville de Marseille, tous cofinanceurs de la LNPCA.
A l’horizon de la mise en service de la nouvelle extension de la gare Saint-Charles en 2035, la fréquentation totale de la gare augmentera de plus de 50 %, soit 17 millions de passagers attendus. Un TER circulera tous les quarts d’heure sur l’étoile ferroviaire de Marseillaise en direction d’Aubagne, de Miramas et d’Aix-en-Provence, par exemple. De manière générale, le gain de temps est estimé entre 15 et 20 minutes pour plus de 20 000 trains traversant chaque année la cité phocéenne.
Trois halles
Mais ce 2 décembre, la présentation du projet orchestrée par le préfet de région, a servi à montrer les émergences, les parties qui seront visibles, de la future extension. En continuité du bâtiment historique, Arep, associé aux paysagistes de l’Atelier Roberta, propose, ainsi, de créer trois halles : « Une première, située dans le prolongement du bâtiment Narvik, abritera des locaux pour l’exploitation de la gare et les espaces d’attente pour les voyageurs. Une autre, perpendiculaire au bâtiment historique, sera créée dans le prolongement de la galerie Crimée pour, à la fois, permettre aux piétons de traverser le faisceau ferroviaire et accéder aux quais de la gare en surface. Enfin, la troisième, positionnée de biais pour reprendre l’orientation de la future gare souterraine, permettra d’accéder aux quais souterrains », a précisé Mélanie Doremus, directrice de studio chez Arep.
Particularité des deux dernières halles : elles seront recouvertes de 5 000 m2 de panneaux solaires photovoltaïques et habillées en sous-face de brise-soleil en bois coloré.
Tout autour, seront aménagés plusieurs jardins « formant des îlots de fraîcheur », a ajouté Chloé Sanson, paysagiste à l’Atelier Roberta. Au total, le parvis-jardin Voltaire, le jardin des Vents et la place Crimée, située sous la halle éponyme, formeront 4 300 m2 d’espaces végétalisés dans cette partie très minérale de la cité phocéenne.
AVP
Au stade de l’avant-projet, les équipes d’Arep ont encore du pain sur la planche pour répondre à de nombreux enjeux, en lien avec SNCF Réseau qui a en charge la création de l’infrastructure souterraine. Il s’agit notamment de penser la connexion entre la gare actuelle, perchée sur son promontoire, et celle créée à 26 m de profondeur. Il faudra aussi réussir l’ouverture à 360°de la gare sur la ville. Pour cette dernière et pour la métropole Aix-Marseille-Provence, le projet de recomposition de la gare Saint-Charles a vocation à participer à la mutation des quartiers environnants. La présidente de la métropole a ainsi rappelé que la nouvelle gare aura « un rôle central pour connecter le nord et le sud de la ville, avec une extension du tramway vers le quartier de la Belle-de-Mai, au nord du faisceau ferroviaire ».
Mais il faudra attendre 2032 pour construire les bâtiments extérieurs et réaliser les aménagements paysagers. Avant cela, SNCF Réseau va donner, en 2025 des premiers coups de pioche pour libérer des voies ferrées et parking-voitures sur le plateau des Abeilles, un espace de 8 ha situé à l’est du plateau ferroviaire. Ensuite, débutera le creusement de la gare souterraine en 2028-2029.
Un schéma directeur pour accompagner la mutation des quartiers autour de la gare Saint-Charles
Le 7 décembre 2023, la Métropole Aix-Marseille-Provence a voté une délibération entérinant un schéma directeur « Marseille Saint-Charles à 360° » et les modalités de concertation publique préalable à la création d’une ZAC qui devrait structurer la mise en œuvre opérationnelle d’un programme accompagnant l’ouverture de la gare sur ses quatre faces avec, à la clé, la création d’un nouveau quartier. Encore au stade des études amont, la collectivité espère arrêter le dossier de création à la fin de l’année 2025.
Pour rappel, le projet de recomposition de la gare Saint-Charles, considéré comme un des éléments clé dans la stratégie de reconquête du centre-ville, est inscrit dans le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de Marseille Provence à travers une « orientation d’aménagement et de programmation » (OAP) intitulée « Quartiers libres ».