A Sedan, la SNCF lance la solarisation des toits des gares

Il s’agit d’une première nationale pour SNCF Gares et connexions. Le groupe installe depuis septembre 2024 des tuiles photovoltaïques sur le toit de la gare de Sedan (Ardennes). Même si les heures d’ensoleillement y sont en dessous de la moyenne nationale - 588h en été contre 694h - « nous avons saisi l’opportunité de sa rénovation énergétique pour installer ces produits innovants, qui permettent d’allier performances énergétiques et préservation du patrimoine bâti », commente Matthias Techer, le responsable photovoltaïque national chez SNCF Gares et connexions.

890 m² de tuiles solaires

Concrètement, « 1150 tuiles recouvriront en mai prochain 890 m² des 1200 m² de couverture », explique Laure Weber, directrice de projet pour la maîtrise d’ouvrage. Cette emprise comprend les deux pans des deux ailes du bâtiment et la face arrière du corps principal, orientée sud. Les tuiles de 87 cm de côté, en verre trempé de 6 mm d’épaisseur et doté de cellules photovoltaïques, reprennent l’esthétique des couvertures en lauzes, ce qui a permis l’approbation de l’architecte des bâtiments de France pour leur mise en œuvre alors même que l’édifice s’inscrit dans un périmètre Monuments historiques.

Fabriquées en France par la société Sunstyle, les tuiles sont certifiées par deux avis techniques. « L’imperméabilité du toit est assurée par leur chevauchement et par le recours à un système d'étanchéité certifié par le CSTB. Elles résistent à une charge de 300 kg/m², ce qui permet de marcher dessus. Elles sont conçus pour supporter les pressions de vent de catégorie 1 à 4 (Eurocodes), ainsi qu’à celles rencontrées en zones cycloniques. Les éléments sont également certifiés pour résister à des grêlons de 50 mm de diamètre (classification RG5), ainsi qu’aux conditions de neige rencontrées en haute altitude », assure Stéphane Garson, le directeur de la société. L’entreprise bénéficie aussi de nombreux retours d’expérience depuis une dizaine d’années, notamment grâce à la réalisation de la toiture du Marché international Saint-Charles à Perpignan. 97 000 tuiles solaires y couvrent 70 000 m² de surface et produisent près de 11 MW d’électricité par an. « 20 tuiles seulement ont été changées depuis sa mise en service en 2011 », indique le directeur.

©Sunstyle

Un calepinage finement étudié

A Sedan, les tuiles sont installées par six à dix compagnons de l’entreprise de Meurthe-et-Moselle Le Bras Frères, la même qui a œuvré à la reconstruction de la toiture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. « Hormis leurs dimensions, deux fois plus grande qu’a l’accoutumé, le procédé a peu d’incidence par rapport à une pose traditionnelle d’ardoises losangées. Nous avons surtout dû pousser les études et détailler finement le calepinage, pour maximiser le nombre de tuiles actives », confie Benjamin Le Bras, directeur du secteur couverture bardage de l’entreprise familiale. Quelques ajustements sont tout de même nécessaires, notamment pour les bordures ou zones particulières, où des tuiles sécables en systèmes composites aluminium sont installées. L’entreprise a aussi dû prévoir une ventilation de 45 mm sous les tuiles. Autant de précautions présentées par la société Sunstyle lors de formations.

Benjamin Le Bras complète : « Afin de pouvoir mettre en œuvre ces tuiles photovoltaïques, nous sommes qualifiés Quali PV Module Bât et possédons l’Habilitation BP, ce qui nous permet d’assurer la pose et l’intégration de solutions photovoltaïques à la structure, indépendamment de la puissance totale de l’installation. Grâce à nos partenaires électriciens qualifiés Quali PV Module Elec, nous sommes en mesure de raccorder une installation allant jusqu’à 250kWc, ce qui s’inscrit parfaitement dans le cadre de ce projet de 115kWc ». L’entreprise, qui compte déjà six chantiers de couvertures employant des tuiles solaires à son actif, souhaite monter en compétence sur ce nouveau marché, comme l'indique le directeur.

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60 % de l’énergie produite autoconsommée

La toiture solaire ardennaise atteindra à terme les 115 kWc de puissance énergétique, pour une consommation de 95 MWh/an, soit l'équivalent de la consommation de 20 foyers. Pour garantir l’efficacité de la production, «  des optimiseurs ont été installés toutes les trois tuiles. Ainsi, si à un moment il y a trop d’ombre sur une partie de la toiture, seules les trois tuiles concernées se mettent à l’arrêt sans impacter le fonctionnement des autres », détaille Stéphane Garson.

60 % de l’énergie sera utilisée en autoconsommation pour les besoins électriques de la gare. « Nous mènerons dans la foulée des études pour voir comment alimenter les systèmes de chauffage, climatisation et ventilation », indique Laure Weber. En attendant, les 40 % seront revendus à EDF. Un tableau d’affichage installé dans la gare indiquera la consommation d’énergie renouvelable en temps réel.

35 M€ dédiés à la solarisation des gares               

Le projet s’inscrit ainsi dans la stratégie de solarisation de SNCF Gares et Connexions, portée depuis une dizaine d’années. « Depuis 2020, ces objectifs figurent même dans le plan pluriannuel d’innovation, avec un budget dédié à la solarisation de 35 M€ à horizon 2030 », indique Matthias Techer. « Ils sont une réponse aux obligations de la loi Aper, relative à l'accélération de la production d'énergies renouvelables [elle implique de solariser les parkings existants de plus de 1500 m², ce qui correspond à près de 300 parkings à mettre en conformité pour la SNCF, NDLR] et à la loi Climat et Résilience. Stéphane Garson, qui a comptabilisé de son côté près de 300 gares qui ont le même type de configuration de toiture, indique que « ce projet pilote est une ouverture à d’autres rénovations du genre ».