Négoce - À quel moment tablez-vous sur une sortie de crise ? Pour quelles raisons ?
José Prétot - Rappelons déjà d’où nous venons. La distribution de second œuvre du bâtiment a enregistré une contraction de son activité sans précédent en 2024. Cela était lié notamment, et déjà, à des choix malencontreux des pouvoirs publics sur MaPrimeRénov’ (MPR). L’année 2025 s’annonçait comme celle de la stabilisation pour le gros œuvre comme pour le second œuvre.
Malheureusement, nous avons l’impression de rejouer le match face aux errements de l’État sur le moratoire lié au photovoltaïque et à l’éolien, ainsi que sur la suspension de MPR. Heureusement, il a fait marche arrière sur le monogeste. Nous ajouterons le déploiement cafouilleux des REP, notamment bâtiment. Il faut que le logement soit élevé au rang de cause nationale ! Ma réponse sera donc que la relance va d’abord passer par la restauration de la confiance entre les acteurs de la filière et les pouvoirs publics. Nos entreprises ont besoin de lisibilité, de stabilité et de fluidité pour s’engager sereinement.
Comment accompagner la sortie de crise ?
Il est possible d’envisager un rebond dès 2026, à condition d’agir, et les mesures nécessaires sont connues. Il faut simplifier de manière effective et pérenne tous les dispositifs d’aide, et MPR en particulier. Une baisse des taux d’intérêt est souhaitable, car elle est favorable aux projets de rénovation différés. Il faut aussi une stabilisation des coûts des matières et une meilleure anticipation logistique. Sur ces bases, il est possible d’être raisonnablement optimiste, à condition de transformer l’inquiétude en action collective et de miser sur la confiance pour enclencher la dynamique.
Quels leviers actionner ?
Trois me semblent déterminants pour accompagner la relance. Tout d’abord, la logistique de proximité est essentielle à la fluidité des relations commerciales. Il faut renforcer l’optimisation et la gestion de nos stocks localement, adapter nos plates-formes et mieux prévoir les pics de tension. Les outils digitaux nous y aideront, c’est d’ailleurs le deuxième levier avec l’intelligence artificielle, car ce sont des facteurs d’amélioration de la relation avec les clients pour mieux les accompagner dans leur parcours d’achat, pour simplifier leurs tâches administratives et pour accroître la réactivité de la chaîne de valeur face aux évolutions de marché. Sans oublier que ces outils enrichissent les métiers du commerce et simplifient le travail de nos collaborateurs. C’est également un facteur de la relance. Pour nos métiers, je pense notamment au format Fab-Dis (véhicule du référencement des produits des fabricants par les distributeurs) et à l’exploitation des données techniques normalisées grâce au modèle international Etim. Aujourd’hui, ils sont indispensables à la valorisation des produits des fabricants chez les distributeurs et, in fine, auprès de leurs clients.
La gestion responsable des encours est le dernier levier. Le distributeur professionnel est en quelque sorte le banquier de sa clientèle dont il porte bien souvent le besoin en fonds de roulement. Il faudra renforcer la relation de confiance avec les artisans et les TPE du bâtiment, souvent les plus fragilisés.