« Nous plaidons pour le zéro bonification dans les certificats d’économie d’énergie », Franck Annamayer, P-DG de Sonergia

Loin de dénoncer la diminution de la part des coups de pouce de Ma Prim’Rénov, Sonergia plaide pour la disparition de ce dispositif dans le programme des certificats d’économie d’énergie. Pour le P-DG Franck Annamayer, ces bonifications fragilisent la filière de distribution, en raison de leur instabilité.

Réservé aux abonnés
Franck Annamayer
Franck Annamayer

Lisez-vous le projet de décret sur la cinquième période des certificats d’économie d’énergie comme une révision des ambitions à la baisse ?

Au lieu des 30 % de hausse attendue par rapport à la quatrième période, nous voilà à 12,5 %. Peut-être peut-on y voir l’impact du contexte économique et social : Bercy ne souhaite pas une augmentation du prix de l’énergie susceptible de déclencher une nouvelle crise des Gilets jaunes.

L’autre surprise vient de l’industrie : on s’attendait à ce qu’elle contribue au financement des CEE, à travers le prix de ses consommations énergétiques. Or, ce n’est pas le cas, ce qui envoie un message difficile à comprendre : seuls les particuliers payent, pour un dispositif dont les industriels devraient profiter de plus en plus. Mais passés ces effets de surprise, la raison oblige à dire que 12,5 % d’augmentation, ce n’est  tout de même pas rien.

Regrettez-vous la réduction des bonifications apportées par les coups de pouce ?

Leur sévère restriction suscite de nombreux commentaires. Pendant la période 4 des CEE, ces bonifications ont culminé à 50 % pour se réduire à 30. Les voilà ramenées à 25, ce qui crée une situation compliquée pour nombre de mes confrères. La ventilation de ces bonifications en fonction des sources d’énergie rajoute encore de la complexité.

A Sonergia, nous plaidons pour aller au bout du processus, c’est-à-dire vers le zéro bonification. Que les CEE se concentrent sur les réelles économies d’énergies, et s’affranchissent d’autres dispositifs dont les modalités ne cessent de changer !

Pourtant, nul ne conteste le bien-fondé de mesures qui visent à la décarbonatation, à la réduction des inégalités ou à l’amélioration des performances

Bien sûr, mais avec le stop and go, l’intégration de ces mesures dans le dispositif des CEE fragilise toute la filière. D’autre part, certaines dispositions dédiées à la lutte contre la précarité peuvent créer des effets aberrants sur les prix, à l’opposé des objectifs.

Le résidentiel mobilise aujourd’hui 70 % des CEE. Anticipez-vous une modification au profit des autres secteurs énergivores ?

La ventilation pourrait en effet connaître des chamboulements dans les années à venir. Cette évolution s’ajoute à la diminution du nombre de programmes, réduits à 30 au lieu de 70, et à celle de leur part relative, ramenée à 8 %, au lieu de 12. En attendant le texte qui en précisera les modalités, nous considérons cet assainissement comme plutôt intelligent, après les abus constatés sur certains programmes.

L’évolution de la ventilation des CEE par secteur d’activités repose sur la loi du marché, comme le veut l’esprit du dispositif, créé pour obtenir un maximum de résultats au moindre coût. Il y a encore beaucoup d’inconnues, et les 33 délégataires font tourner leurs tableurs Excel pour simuler un avenir à dix ou à 100…Sans doute ce contexte fragilise-t-il les moins diversifiés de nos concurrents.

Sonergia est-il prêt à s’adapter à un probable infléchissement en direction des économies d’énergies dans l’industrie ?

En cours de définition, notre stratégie dans ce domaine va évoluer vers une plus grande diversité de services. La piste de l’assistance à maîtrise d’ouvrage pour les travaux industriels fait partie des hypothèses, de même que la veille technico-réglementaire. Sans prétendre au leadership, Sonergia se distingue par la largeur de ses prestations, garantie d’adaptabilité face aux incertitudes.

Quelles perspectives ouvre le programme auquel vous participez sur la logistique du dernier kilomètre, et quel impact peuvent en attendre les aménageurs ?

Après la sélection des quatre agglomérations grandes et moyennes, le programme entre en phase opérationnelle, pour rassembler deux facteurs : l’explosion des livraisons de colis et la légitimité du vélo, pour le dernier kilomètre. Si ces quatre sites réussissent à créer un modèle reproductible, on aura gagné !

Du point de vue de l’aménagement, cela suppose une évolution des réseaux cyclables et la création de hubs en périphérie. Les services ainsi créés pourront bénéficier au monde du bâtiment : le plombier se rendra chez son client en transport en commun. Un vélo lui apportera les outils. Finies les camionnettes emprisonnées dans les bouchons !

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !
Détectez vos opportunités d’affaires