Une visioconférence avec des sénateurs de tous bords en quête de remontées terrain quant aux effets de la pandémie sur le marché immobilier ? L’occasion était trop belle pour Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim. Il en a profité pour pointer « un marché du désinvestissement locatif lié aux contraintes de la rénovation énergétique ». Et pour souligner que près de 14 % du parc à la vente sont « des logements très énergivores ».
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« Le retard du parc locatif privé dans sa rénovation énergétique »
Devant la commission des affaires économiques du Sénat, ce mercredi 2 juin, Jean-Marc Torrollion a critiqué « le choix d’écarter les bailleurs privés des dispositifs d’accompagnement à la rénovation énergétique ».
« Cette non-prise en compte des particularités juridiques et financières de la copropriété explique le retard du parc locatif privé dans sa rénovation énergétique, observe-t-il. La réforme de la copropriété issue de la loi Elan, le plan pluriannuel de travaux et MaPrimeRénov Copro sont autant de mesures qu’il était urgent de prendre. Mais elles arrivent déjà très tard, par rapport aux exigences de calendrier du projet de loi Climat. »
Voté en première lecture le mois dernier, le texte prévoit l'interdiction de la mise en location des passoires énergétiques. A compter de 2025 pour la classe G, à partir de 2028 pour la F, et de 2034 pour la E, via un amendement du rapporteur LREM Mickaël Nogal. Qui présidait exceptionnellement cette commission à l’écoute du président de la Fnaim.
Révolution en douceur
A ce sujet, le dirigeant a confié avoir noté « les premiers refus de prêts immobiliers (à des investisseurs locatifs, NDLR) à cause d’un DPE F ou G, pour un endettement sur quinze ans ». Et de citer « Crédit Agricole dans le centre de la France », en raison d’un DPE vierge. « Mettons-nous à la place d’une banque, dans le cadre d’un investissement locatif pour un appartement avec un DPE G. Si elle n’a pas l’assurance que des travaux sont programmés, elle doit refuser car le revenu ne sera pas au rendez-vous très vite. A l’avenir, le refus, ce sera un réflexe », prévient-il.
Et de conclure : « Pour éviter une pénurie de logements (…), il est nécessaire de prévoir une rénovation soutenable par les bailleurs et le parc locatif, d’y aller progressivement, en se donnant les moyens de réussir la rénovation des logements très énergivores, en l’accompagnant fortement, au plan fiscal et juridique. Ou alors, les objectifs resteront lettre morte, et on les repoussera année après année. » Message reçu cinq sur cinq par les sénateurs.