Le Pôle Fibres-Energivie connaît sa destination pour fin 2026 : la construction décarbonée. Le pôle de compétitivité national dédié au bâtiment a adopté, en ce début d’année, sa feuille de route pour quatre ans, « un document entièrement calé sur la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) pour son volet consacré au bâtiment », résume Jean-Luc Sadorge, porte-parole du pôle.
L’adaptation au document-cadre national sorti en mars 2020 ne bouleverse pas le contenu de l’activité de Fibres-Energivie, mais elle en réoriente les priorités vers les cibles de la SNBC : « Un parc immobilier décarboné », « La décarbonation des territoires », « Matériaux durables et économie circulaire » et « Efficience des systèmes énergétiques » constituent les quatre premiers « programmes stratégiques » de la feuille de route 2023-2026, auxquels les équipes du pôle ajoutent un dernier, d’approche plus transversale : « Compétences, compétitivité, numérique et usages ».
Avec son effectif de 14 personnes et ses subventions annuelles de 700 000 euros (Etat, région Grand Est et Eurométropole de Strasbourg où l’entité à déploiement national est basée) qu’il cherche à doubler grâce à des recettes équivalentes liées à ses prestations, le Pôle Fibres-Energivie ne saurait prétendre à lui seul contribuer à toutes les facettes de l’objectif de réduction des émissions de CO2 en France. En revanche, il compte poursuivre et intensifier son rôle d’effet de levier pour les entreprises, par l’animation de son réseau de 232 membres industriels, constructeurs, bureaux d’études, architectes, maîtres d’ouvrage, énergéticiens, éditeurs de logiciels, chercheurs, formateurs et autres financeurs, qui ne demande qu’à s’étoffer. Il fait aussi partie des membres-clés du comité de stratégique de filière « Industries pour la construction ».
« Nous sommes là pour aider la filière à être prête au rendez-vous des 700 000 rénovations énergétiques globales qui semble aujourd’hui bien lointain, mais vers lesquelles il faudra bien aller. En réservant par exemple, MaPrimeRénov’ aux seules rénovations à étiquette B minimum », décrit Jean-Luc Sadorge.
Une approche multimatériaux
A ce titre, la feuille de route énumère plusieurs développements à privilégier : ceux des outils pour une meilleure connaissance du parc bâti, des solutions de rénovations multifonctionnelles par l’extérieur, de l’impression 3D pour optimiser process et quantités de matières, de la construction hors site, des modèles économiques de rénovation fondés sur les tiers-investissements. Soit autant d’axes directeurs d’accompagnement des entreprises et des industriels pour Fibres-Energivie, incluant l’amélioration des usages et la prise en compte systématique de la fin de vie des bâtiments.
Le document-cadre pour le pôle jusqu’à fin 2026 confirme par ailleurs les smart grids comme une porte d’entrée essentielle pour la décarbonation des territoires. Pour les matériaux, « nous considérons les biosourcés comme une partie seulement de la solution. Nos champs d’intervention entendent les aborder tous, de façon à aider la filière à décarboner aussi le béton, l’acier, le verre ou les polymères », indique le représentant du pôle de compétitivité.
Quant au domaine « compétences, compétitivité, numérique et usages », il fait référence notamment aux nombreuses initiatives de Fibres-Energivie pour massifier et démocratiser l’usage du BIM et du CIM (« City information modeling » pour la ville durable).
Elles se poursuivront, à commencer par son rendez-vous biennal phare Build & Connect à Strasbourg, si structurant qu’il deviendra prochainement le nouveau nom du pôle. Il consiste aussi à stimuler la co-conception, à partir là aussi d’un jeune outil du pôle : le Living lab, tiers-lieu ouvert aux acteurs de la construction qu’il a lancé l’an dernier à son siège d’Illkirch près de Strasbourg dans le cadre du Campus des métiers et des qualifications « Ecoconstruction et efficacité énergétique ».