Pour sa conférence de presse de rentrée, Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), n’avait pas que des bonnes nouvelles à annoncer. Principal motif d’inquiétude : la dynamique enrayée du marché résidentiel.
Sur les sept premiers mois de l’année, le nombre de mises en chantier de logements neufs se réduit de 3,2% par rapport à la même période en 2021. Mais ce chiffre cache une situation elle-même contrastée. Dans le détail, le logement collectif dévisse sévèrement avec -10,9% de mises en chantier sur un an. Un dérapage que ne parvient pas à compenser la hausse de 6,6 % constaté dans l’individuel.
Côté chantiers, la situation devrait tout de même s’améliorer dans les prochains mois, car les autorisations progressent, elles, de près de 14%. Pas de quoi fanfaronner cependant : cette vague de permis de construire accordés correspond à ceux déposés juste avant l’entrée en vigueur de la RE2020, le 1er janvier dernier. Un phénomène conjoncturel qui touche déjà à sa fin.
Effondrement des ventes
Or, prévient Olivier Salleron, « ces mêmes permis plongeront sous l’effet de l’effondrement des ventes de plus de 26% dans l’individuel diffus et de près de 15% dans la promotion immobilière, sur le premier semestre 2022 rapporté au même semestre de 2021. » Cette brusque chute de la commercialisation menace sérieusement « les chantiers de 2023 et 2024 voire même 2025 si rien n’est fait », craint le président de la FFB.
A l’inverse, dans le non résidentiel, les voyants se trouvent au vert. Les surfaces commencées affichent une hausse de 18% sur un an en glissement annuel à fin juillet et les surfaces autorisées croissent de leur côté de 8%. Un regain bienvenu après deux années très difficiles, qui trouve plusieurs facteurs d’explication : une anticipation, là-aussi, de la RE2020, qui concerne les bureaux et les bâtiments d’enseignement depuis le 1er juillet ; un cycle électoral qui fait entrer les projets de bâtiments publics municipaux en phase d’exécution ; et quelques gros projets qui pèsent en termes de mètres carrés, comme le futur CHU de Nantes.
Prévisions révisées
L’un dans l’autre, les deux phénomènes se compensent. La construction neuve devrait donc croître comme prévu d’un peu plus de 6% cette année. L’amélioration-entretien, « sans doute pénalisée par un marché des CEE encalminé depuis le début de l’année », ne devrait croitre que de 1,7%, un point de moins qu’anticipé.
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Au global, selon les prévisions révisées de la FFB, l’activité des entreprises du bâtiment augmentera de 3,8% cette année. En fin d’année dernière, une hausse de 4,3% était anticipée. C’était avant la flambée des prix des matériaux, avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et avant le retour de l’inflation.