Le secteur du bâtiment table sur un rebond de l'activité en 2022 qui devrait lui permettre de renouer presque totalement avec son niveau d'avant-crise (+4,3% sur un an), a estimé jeudi 9 décembre sa principale fédération, mais ce, seulement si la situation sanitaire ne s'aggrave pas.
Pour la FFB, l’année prochaine sera celle « du rattrapage ». Le secteur estime qu'il continuera à créer de l'emploi en 2022, à hauteur de 25 000 postes supplémentaires. « La filière a recruté massivement en 2021 », rappelle Olivier Salleron. En 2021, le bâtiment a créé 60 000 postes (+4,8% en un an).
Attention au prix des matériaux
Dans le détail, la fédération s'attend à des progressions inégales selon les sous-secteurs. Le logement neuf devrait augmenter de 7,3% dans la mesure où les permis de construire délivrés et les ventes "ont progressé de 15% entre 2019 et 2021". Toutefois, le secteur du bâtiment s'attend à une baisse des autorisations d'environ 8% l'an prochain: -9,1% dans l'individuel et -6,7% dans le collectif.
Plusieurs facteurs expliquent ce déclin. Dans l'individuel, la fédération s'inquiète des surcoûts - entre 5 et 10% du prix de la construction - que va engendrer l'application de la réglementation environnementale (RE2020), qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain.
Dans le logement collectif, la fédération cite la difficulté de décrocher des permis de construire dans les zones denses de la part des maires, mais aussi les faibles résultats des mises en ventes et ventes d'appartements en 2021, en recul respectivement de 10% et 9,3% sur les trois premiers trimestres par rapport à la même période en 2019.
La filière amélioration-entretien devrait quant à elle progresser et finir à +2,7%, portée par le dispositif de rénovation énergétique MaPrimeRénov'.
Enfin, « nous ne sommes pas encore sur le pic des hausses des prix sur certains matériaux », lance Olivier Salleron, président de la FFB. Selon lui, à la désorganisation des filières de production qui ont fait grimper les prix cette année, il faut ajouter la hausse des prix de l’énergie, qui se répercute.
Pour le ciment, les granulats « les fournisseurs proposent des prix en progression de 5 à 15% », juge-t-il. Le président de la FFB estime également que la crise des semi-conducteurs aura un impact sur les chantiers. « Il y a de l’électronique un peu partout dans nos matériels, rappelle-t-il. Dans les systèmes de chauffage, de ventilation… Résultat, quand il fallait deux semaines pour se faire livrer une chaudière, aujourd’hui il faut trois mois. »
Mesures fiscales demandées
Ces points de tensions inquiètent la FFB. Si bien, que la fédération demande des mesures fiscales d’accompagnement pour le secteur. Elle demande notamment, le versement immédiat des créances de carry back. Ce dispositif revient à imputer le déficit de l’année en cours sur le bénéfice de l’année précédente, qui a donné lieu au paiement de l’impôt sur les sociétés. La FFB demande que le « trop payé » au trésor public, découlant de cette imputation, soit reversé aux entreprises en difficulté. « On ne demande pas l’aumône, il s’agit de l’argent des entreprises », note Olivier Salleron.
Ce dernier demande également la majoration du Pinel à compter de 2023 pour les logements qui respecteraient les critères extra-réglementaires promus par la ministre en charge du Logement (critères de surface, d’orientation, etc.). « Il s’agirait là d’un vrai "Pinel+ " », poursuit-il.
Autre requête : la création d’un crédit d’impôt sur les annuités d’emprunt pour compenser les effets de la mise en place de la RE 2020 au 1er janvier prochain et ceux du zéro artificialisation nette (ZAN), objectif intégré dans le projet de loi Energie et Résilience qui prévoit de diviser par deux d’ici à 2030 le rythme d’artificialisation et d’atteindre la neutralité en 2050.
La FFB veut également « enclencher un chantier de réflexions sur la révision du prix des marchés, au niveau des marchés publics d'abord, ceux de l'Etat et des collectivités locales. Nous discuterons ensuite avec les bailleurs sociaux, et peut-être ensuite, nous discuterons des marchés privés », annonce Olivier Salleron.
Enfin, pour accélérer l’octroi des permis de construire, la FFB réclame la mise en place d’une médiation auprès des Préfets de région sur les refus et les retraits de permis, et l’adoption de mesures visant à accélérer le traitement judiciaire des contentieux sur les refus et les retraits de permis.