Le gouvernement apporte son soutien aux ECO Artisans

Vendredi 17 avril, en signant avec le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, une convention sur le déploiement du programme ECO Artisan, Jean Lardin, président de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment (Capeb) a donné le top départ à un mouvement qui vise à mailler le territoire avec 30.000 professionnels qualifiés sur les problématiques de rénovation énergétique : les ECO Artisans.

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Signature de la convention sur le déploiement du programme ECO Artisan, vendredi 17 avril, à Paris.

L'objectif est que, d'ici à 2011, 10.000 entreprises (et pas uniquement des adhérents de la Capeb) adoptent cette démarche assure-t-on à la confédération. Car le marché est là : sous l'impulsion du Grenelle - avec son bras armé financier, l'éco PTZ - le chiffre d'affaires de l'entretien rénovation thermique devrait plus que doubler d'ici à 2012, pour atteindre 18 à 22 milliards d'euros par an. A terme, 17,7 millions de maisons individuelles et 13,6 millions de logements collectifs sont concernés par le chantier de la rénovation énergétique du parc résidentiel, pour un marché estimé à 600 milliards d'euros d'ici à 2050. "En discutant hier avec les premiers signataires de l'éco-prêt à taux zéro, j'ai été frappé de voir que performances actuelles étaient en moyenne entre 600 et 900 kilowattheures du mètre carré" a raconté Jean-Louis Borloo. "On est très loin des normes, même médiocres, du neuf des dernières années. Il y a aujourd'hui sur le territoire national, notamment dans le pavillonnaire mais pas seulement, des situations de passoires thermiques absolument extravagantes, pour lesquelles les gains de pouvoir d'achat pour les compatriotes peuvent être tout à fait élevés et développés".

Pour la Capeb, la solution en simple. Mettre en place un réseau d'artisans compétents en performance énergétique à travers tout le territoire. "Il y avait un besoin réel de la part des particuliers d'accéder à un conseil global sur la rénovation thermique de leur logement" explique Jean Lardin. "Répondre à cette demande supposait que les professionnels se coordonnent et adoptent une démarche intégrée. Plus qu'une simple marque, l'ECO Artisan préfigure une véritable méthode de travail en réseau, qui doit permettre aux artisans d'échanger sur les chantiers en instance, de se rencontrer et de partager leur expérience en utilisant par exemple les structures existantes comme les coopératives ou les groupements momentanés d'entreprises".

La mise en place d'un tel réseau impose un effort particulier sur la formation. Les fonds sont là avec la manne FEE Bat (financées par les fournisseurs d'énergie, ces formations n'impliquent pas de coûts supplémentaires pour l'entreprise). "10.000 personnes ont été formées en moins de 12 mois" assure Jean Lardin. "Si elles veulent devenir ECO Artisan, elles doivent passer un QCM comportant 40 questions choisies parmi 300". En cas de succès (le taux de réussite est actuellement de 77%), l'entreprise doit se procurer un logiciel d'évaluation thermique mis au point par deux fournisseurs - Cap Energy et Cube - et obtient alors le label ECO Artisan. Cet ECO Artisan sera ensuite audité, tous les 3 ans, par un organisme indépendant qui n'est pas encore connu.

Jean-Louis Borloo veut même aller plus loin en souhaitant, par exemple, généraliser la caméra thermique. "Visuellement, pour le client, avoir une visualisation de son logement est extrêmement parlant. Une formule nous permettrait ensemble, avec un mode de financement à étudier, que tous les artisans de France soient dotés d'une caméra thermique" s'est emporté le ministre suscitant les applaudissements des artisans. Pour la Capeb, le besoin est surtout de faire baisser les coûts de cet équipement et d'en mettre "au moins une dans chaque canton" à disposition du réseau ECO Artisan.

Vigilance

Mise en place de l'Eco PRT, du réseau ECO Artisan... le chantier de la rénovation énergétique est bel et bien lancé. "Cette bataille va se jouer sur votre compétence, sur votre envie, mais elle va se jouer aussi sur votre réputation" a averti Jean-Louis Borloo. "C'est décisif. L'opinion publique va se forger un avis dans les six mois ou deux ans qui viennent : qui est celui à qui je fais confiance pour me donner un avis, pour me conseiller et pour faire des travaux ?"

"Il ne doit pas y avoir de contre-performance d'un artisan" a mis en garde le ministre. "Vous allez avoir deux métiers : le métier des travaux, mais également celui de la confiance, du conseil, qui est absolument décisif".

Un message entendu par Jean Lardin qui en a profité pour faire état de ses préoccupations concernant le succès grandissant du statut de l'auto-entrepreneur, "pur produit de la schizophrénie politique" et qui pourrait bien aller à l'encontre de la politique souhaitée par Jean-Louis Borloo. "Songez à l'auto entrepreneur dans des activités réglementées comme celles du bâtiment : un minimum de charges, donc une protection sociale, retraite en particulier, quasi inexistante. Une exonération de TVA, une fiscalité marginale, autant de conditions d'une concurrence déloyale. Une impossibilité à évoluer et à se former puisque l'auto entrepreneur ne contribue pas au financement de la formation continue" a expliqué Jean Lardin en déclarant n'avoir aucune aucune certitude que les obligations des professions du bâtiment (qualifications nécessaires, assurance décennale, etc.) soient respectées. "Je me demande bien qui ferait le contrôle. En tous cas personne au moment de l'inscription, cela nous avons pu le vérifier".

"Nous qui avons choisi de défendre l'image de l'entreprise responsable, citoyenne, performante pour répondre aux défis du Grenelle, loyale dans la concurrence, on ne pourra pas nous demander de fermer les yeux" a averti le président de la Capeb.

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