En bout de chaîne d’approvisionnement, les artisans ne ressentent pas les conséquences de la guerre en Ukraine. Mais ont-ils des craintes sur le prix à la pompe qui alimente leur camionnette ou sur des fenêtres en acier qui tardent à être livrées, à cause des sanctions occidentales contre la Russie qui en fait de même ?
« Nous n’avons pas pour l’instant de remontées directes du réseau sur des difficultés du quotidien de l’entreprise, explique Jean-Christophe Repon, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Cependant, la guerre accentue le sentiment d’angoisse, qui existait déjà malgré un bon niveau d’activité de nos entreprises. Ce stress, lié à l’origine de la crise des matières premières, est toutefois à relativiser avec ce que vivent les gens en Ukraine. »
« Le gouvernement a d’abord expliqué que cette crise était conjoncturelle, que la Chine et les Etats-Unis tiraient les prix vers le haut et que cela allait se calmer. Mais les prix continuent d’augmenter. Et depuis deux mois, c’est l’énergie qui affecte les coûts fixes de nos entreprises », rappelle le président de la première organisation professionnelle de France en nombre d’entreprises adhérentes (plus de 57 000).
Concertation avec les industriels
En décembre 2021, 45% des artisans du bâtiment avaient intégré la flambée des prix des matériaux dans l’établissement de leurs factures, selon la Capeb. « En 2022, les 55% d’artisans qui rognaient sur leurs marges seront obligés de répercuter la hausse des prix sur la facture finale des clients particuliers », anticipe Jean-Christophe Repon.
Surtout que l’échéance des remboursements des prêts garantis par l’Etat (PGE) approche. Une entreprise qui a contracté un PGE en avril 2020 puis demandé un report d’un an pour commencer à le rembourser doit s’y préparer pour avril 2022.
Le président de la Capeb demande au gouvernement « une régulation des prix », en concertation avec les distributeurs et les industriels. « Nous sommes partis sur une hausse des prix tous les quinze jours sur tel ou tel matériau, alors que les artisans ont l’habitude de réviser leurs prix une fois par an. Il faut que chacun participe à l’effort », poursuit-il. L’idéal serait de réviser les prix « a minima tous les trois mois » afin de donner de la visibilité aux artisans, imagine-t-il.
Enfin, le modèle économique des entreprises artisanales, caractérisées par des trésoreries tendues, est à surveiller. « Ces dernières années, nous avons ont créé des emplois et des richesses mais nous allons arriver dans un point dur », conclut-il.