L’impact de la guerre en Ukraine sur l’acier et l’énergie évalué par l’IEIF

Dans une note envoyée ce mercredi 2 mars, l’Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF) estime que la guerre en Ukraine mettra la pression sur les prix de l’énergie, l’acier et les métaux rares et aura tendance à réduire les investissements des entreprises, si aucune issue diplomatique n'est rapidement trouvée.

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Une aciérie

Les combats s’intensifient en Ukraine, des victimes se comptent par centaines et les sanctions contre la Russie se multiplient. Ces dernières « risquent d’entraîner des contre-sanctions russes sur l’approvisionnement de l’Europe en gaz d’abord, pétrole ensuite, renforçant la pression actuelle à la hausse sur le prix de l’énergie », fait savoir Pierre Schoeffler, économiste et senior advisor de l’Institut de l'épargne immobilière et foncière (IEIF), dans la note flash publiée ce mercredi 2 mars.

Côté Russie, la plupart des sanctions auront des effets progressifs, « l’économie russe est relativement auto-suffisante et les réserves accumulées dans les fonds publics russes correspondent à près de la moitié du PIB », poursuit-il. Du côté de l’Europe, les retombées de sanctions « dépendent en fait de la durée de la crise. »

Inflation des prix de l’énergie

Parmi les secteurs les plus surveillés, celui du gaz. «  Le gaz importé de Russie couvre 40 % des besoins de l’Europe. Par ordre de dépendance au gaz russe : l’Allemagne (50 % des importations), l’Italie (45 %), la France (25 %), énumère Béatrice Guedj, économiste et senior advisor de l’IEIF. L’Espagne se fournit en gaz essentiellement en Algérie. Par ordre de dépendance du gaz dans la consommation d’énergie finale : Italie (30 %), Allemagne (25%), France (20%), Espagne (15 %).

Pas de possibilité de remplacement à court terme : les seuls terminaux gaziers disposant de capacités excédentaires sont en Espagne, peu connectés avec le reste de l’Europe en termes de pipeline. Les Etats-Unis, auto-suffisants en énergie, ne sont pas touchés. » En conséquence, « la hausse du prix de l’énergie va s’intensifier et l’inflation pourrait connaître une nouvelle dynamique », estiment les deux économistes.

Acier et métaux rares

Autre enseignement de cette note flash : « la Russie contribue à plus de 15 % de la production d’aluminium mondiale, 12 % du platinium et 40 % du palladium, deux métaux rares utilisés dans la construction de voitures bas carbone, poursuivent les économistes. L’Ukraine est le troisième exportateur de fer de haute qualité. Avec la Russie, elle est l’un des fournisseurs clés dans certains gaz nécessaires à la production des semi-conducteurs, devenus matières premières de la nouvelle économie. » Enfin, sur le plan manufacturier, l’Ukraine est un sous-traitant de nombreuses industries européennes.

Ralentissement de la croissance à prévoir

Notons également que l’Ukraine et la Russie fournissent « quasi un tiers des exportations dans le monde » des matières premières agricoles. Autant d’éléments, qui suggèrent « un ralentissement de la croissance, notamment en Europe, par le canal des matières premières. Ce canal peut s’exprimer par un effet volume et un effet prix ». En parallèle, « la Banque centrale européenne vient d’estimer qu’une multiplication par trois du prix du gaz par rapport au début de l’année ralentirait de 0,8 % la croissance en zone euro », rappellent les deux économistes. Autant de mauvaises nouvelles qui risquent d’avoir un impact sur les Français, qui auront tendance à accumuler une épargne de précaution, et les entreprises, qui déploieront un certain attentiste en matière d’investissement. De quoi ralentir la vitesse de circulation de la monnaie, et nourrirait l’inflation.

Impact sur l'immobilier

Une inflation couplée à un fort ralentissement de l’activité économique ouvrirait alors une nouvelle période de "stagflation". Une probabilité qui augmente, « si une issue diplomatique n’est pas rapidement trouvée, jugent Béatrice Guedj et Pierre Schoeffler. Durant ces périodes de stagflation, les loyers sont tirés à la hausse par le mécanisme d’indexation mais face à des revenus amoindris, il est difficile de faire passer ces hausses aux locataires, sauf aux entreprises qui sont capables de répercuter la pression de leurs coûts de revient sur leurs prix de vente. » Pour l’instant, «  les marchés de l’immobilier coté en Europe n’envoient pas de signaux particuliers », indiquent-ils.

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