La gestion intégrée des eaux pluviales au cœur de la prochaine modification du PLUi rochelais

Ne plus laisser filer l’eau mais la retenir au plus près de son point de chute pour qu’elle s’infiltre dans les sols et retrouve son cycle naturel. La nouvelle mouture du document d’urbanisme de la communauté d'agglomération de La Rochelle interdira, dès la rentrée prochaine, tout rejet des eaux pluviales dans le réseau jusqu'à la pluie centennale. Des contraintes fortes pour les opérateurs mais qui pourraient être sources d’économie.

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eau de pluie
Le prochain PLUi de la communauté d'agglomération de La Rochelle interdira tout rejet d'eau de pluie dans le réseau public

Changement de paradigme concernant la gestion des eaux pluviales de la communauté d’agglomération de La Rochelle (Charente-Maritime). « Alors que la principale préoccupation des ingénieurs aujourd’hui est de renvoyer l’eau dans les tuyaux et la faire partir au plus vite, notre principal objectif désormais est de la retenir à la parcelle », indique au « Moniteur » Florence Nassiet, urbaniste et adjointe au directeur des études urbaines de l’intercommunalité.

Il faut dire que l’eau est une préoccupation majeure pour ce territoire « à cheval sur deux bassins versants avec des parties qui ne sont situées sur aucun d’entre eux » et pour lequel « la question de la ressource est très importante », appuie-t-elle. Consciente de ces enjeux depuis plusieurs années - l’interco avait déjà intégré la protection des zones humides dans son premier PLUi en 2019 -, la communauté d’agglomération de La Rochelle s’attaque désormais aux eaux pluviales. Objectif : retenir l’eau à la parcelle pour la laisser s’infiltrer naturellement dans les sols et recharger la nappe.

Territoire précurseur

Pour y parvenir, elle s’est adjoint les services d’un bureau d’études et a été soutenue financièrement par l’agence de l’eau Loire-Bretagne dans le cadre d’un appel à initiatives. « Les documents d’urbanisme ne s’emparent que très peu de cette problématique car cela remet en question un certain nombre de façons de faire. Nous sommes ainsi l’un des premiers territoires à mettre en place la gestion intégrée des eaux pluviales de manière aussi systématique, dans tous les secteurs de l’agglomération, sur tous les zonages », se réjouit Florence Nassiet.

Révolution culturelle

Cette « révolution culturelle » se traduira très concrètement dans les différents documents du prochain PLUi, dont la modification devrait être approuvée cet été par le conseil communautaire. Dans les orientations d'aménagement et de programmation (OAP) spatialisées tout d'abord et l'OAP thématique « construire aujourd’hui » : une nouvelle fiche d’une dizaine de pages entièrement dédiée à la gestion intégrée des eaux pluviales (GIEP) a été ajoutée. « Elle présente les différentes solutions que les opérateurs peuvent utiliser pour pouvoir gérer l’eau à la parcelle (solutions fondées sur la nature, revêtements perméables à utiliser en fonction des usages, bénéfices, coût, entretien, toitures végétalisées stockantes, etc. …) », explique Maud Schmidt, chargée d’études urbaines et référente sur le volet Eau.

Dans le règlement du PLUi ensuite : « Un article imposera aux constructions neuves et aux extensions de conserver les eaux à la parcelle jusqu'à une pluie centennale, et pour chaque zonage, il y a un coefficient de biotope particulier. Nous avons augmenté l’obligation de pleine terre dans tous les zonages et pour tous types de parcelles, même les petites. Un système de bonus-malus est également prévu en fonction de ce que propose le porteur de projet dans son dossier de demande d’autorisation. Par exemple, un malus sera appliqué pour chaque arbre existant abattu (car il aide notamment à retenir l'eau sur la parcelle), et un bonus si l'opérateur fait de la pleine terre dédiée à la gestion des eaux pluviales (type jardin de pluie ou noue), ou des toitures stockantes suffisamment épaisses (30 cm minimum) pour créer un jardin en terrasse ».

Effort des promoteurs

Florence Nassiet le reconnaît : « En allant jusqu’à une gestion à la parcelle avec des coefficients de biotope assez conséquents, nous demandons un certain effort aux promoteurs et opérateurs ». Mais avec un brin de concertation et une once de méthodologie – un guide technique sur la gestion des eaux pluviales dans les projets d'aménagement a été élaboré en 2021 – « ces questions semblent finalement assez bien acceptées ». D’autant que « faire de la gestion de l’eau à la parcelle en se basant notamment sur des solutions fondées sur la nature (garder de la pleine terre, jouer un peu sur la micro topographie pour créer des petites dépressions ou des jardins de pluie qui garderont l’eau de pluie de quelques heures à quelques jours…), leur revient moins cher que d’installer des tuyaux et prévoir des pompes de relevage », abonde Maud Schmidt.

La communauté d’agglomération ne compte pas s’arrêter là. Elle envisage d’ores et déjà d’encourager le dé-raccordement des constructions existantes lorsque cela est possible. Une étude est en cours dans un quartier de La Rochelle.

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