La France est passée « de 124 000 logements sociaux financés en 2016 à 95 000 en 2021 et sans doute autant en 2022 d’après de premières estimations », s’inquiète la Fondation Abbé Pierre, dans son 28e rapport annuel sur le mal-logement. L’objectif du gouvernement Castex était de construire 250 000 HLM au cours des deux dernières années. Raté.
La prolongation en 2023 de la réduction de loyer de solidarité (RLS), ponction de 1,3Md€ par an sur les ressources des organismes HLM, ainsi que la hausse de TVA de 5,5 à 10% sur les logements Prêt locatif à usage social (PLUS) et Prêt locatif social (PLS) ne devraient pas aider. « Faute d’ambition affichée en la matière et en l’absence de mesures spécifiques, l’avenir s’annonce sombre alors que les besoins sont orientés à la hausse avec désormais 2,3 millions de ménages en attente de logement social », contre 2,2 en 2020, souligne la fondation.
Alerte sur la dette des bailleurs sociaux
Première explication : le « ralentissement général » de la construction de logements qui stagne en-dessous de 400 000 unités par an, selon la Fondation Abbé Pierre. La France est en effet passée de 418 900 mises en chantier en 2017, à 376 200 en 2022. Et la fondation de rappeler : « Le montant des aides (aux producteurs et aux personnes, NDLR) au logement, exprimé en pourcentage de PIB, n’a jamais été aussi faible qu’en 2021 : 1,5%, alors qu’il s’élevait à 2,2% en 2010. » Cela représente 15Mds€ par an en moins.
En ce qui concerne la construction HLM, « la raison principale du ralentissement tient à la réduction des capacités financières des organismes HLM », résume l’association. Sans oublier « la hausse des taux » directeurs et du taux du Livret A qui alourdit la charge de la dette des bailleurs sociaux de près de 2Mds par an. Dans ce contexte inflationniste, la Fondation Abbé pointe un risque d’hypothéquer les efforts pour la production de nouveaux logements et la rénovation du parc existant.