« Nous n’avons jamais été confrontés à des révisions de prix aussi brusques », témoigne Antoine Corré, directeur général de Coreal, promoteur et contractant général spécialisé dans la construction métallique. L’acier représente entre 20% et 30% du prix global du projet : logements, usine, commerce...
Avec la crise des matériaux liée à la reprise post-confinement, le groupe (35 salariés, CA 2021 : 31M€) a changé son approche client. « Depuis cet été, la quasi-totalité de nos contrats sont révisables, sauf s’il s’agit de petits montants », explique-t-il.
Les risques de chômage technique...
Avec la guerre en Ukraine et l’interdiction européenne d’importer de l’acier russe, le risque à court terme pour Coreal concerne la non-disponibilité de sa matière première clé qui serait synonyme d’arrêt des chantiers. « Si je ne facture plus, je n’ai plus de rentrées d’argent et c’est chômage technique comme pour le Covid », avertit-il.
Tous ses projets en cours sont menacés par le manque de visibilité des industriels. « ArcelorMittal vous donne un prix quelques jours avant la livraison quand le produit est disponible. Il est impossible de faire des devis », déplore-t-il.
Prévue en avril 2023, la fin des travaux du siège social et de l’usine d’une PME aéronautique sera nécessairement retardée. « Impossible de dire si ça se comptera en semaines ou en mois. Nous venons d’attaquer les fondations. D’ici un petit mois, on passera aux charpentes métalliques dont on ne connaît pas la date de livraison », s’inquiète-t-il.
Le prix global du projet, comprenant l’aménagement et le lot technique notamment, est composé à 31% d’ouvrages métalliques. « Hors ouvrages en aluminium, représentant 10% du prix total, qui est soumis aux mêmes pénuries que l’acier », complète-t-il.
...et de « mettre la clé sous la porte »
A moyen terme, le risque pour Coreal est de « mettre la clé sous la porte », selon lui. En théorie, pas avant mars 2023, date jusqu’à laquelle son carnet de commandes est assuré. « Notre avantage est de mener des projets long terme », positive-t-il.
En immobilier d’entreprise, cela dépendra de la santé financière des PME-PMI. « Nos clients attendent d’avoir une vision claire sur l’évolution du marché pour décider l’arrêt ou la reprise du projet. Si le prix est révisable à la marge, de quelques pourcents, ils accepteront. Si on est sur une hausse de 30% en deux ans, ce ne sera plus en ligne avec leur business plan et ils refuseront. Une PME qui veut construire son siège social, elle a un budget de 2M€, pas de 2,5M€ », développe le dirigeant.
Dans le résidentiel, sa branche promotion risque de travailler à perte. « On peut renégocier les prix avec les entreprises. Avec les particuliers, c’est plus compliqué. Les VEFA révisables sont très rares », commente-t-il.