Ile-de-France : les HLM manquants sont « le fait de 250 municipalités »

Une cartographie des logements à loyers très bas met en avant la répartition inégale entre communes franciliennes.

HLM
Les deux-tiers des HLM franciliens mis en service avant 1980 proposent des loyers très abordables.

« L’insertion des plus fragiles n’a de sens que si on est capables d’installer des familles dans le centre-ville. » Pour Olivier Launay, directeur général de l’association Habitat et Humanisme Ile-de-France, le compte n’y est pas, à en croire l’étude sur la mixité sociale en Ile-de-France de l’Observatoire de la mixité sociale (Omis), en partenariat avec l'Institut des hautes études pour l'action dans le logement (Idheal), publiée ce 16 juin.

Ce travail de deux ans a débouché sur une cartographie des logements à loyers très bas, fixés dans l'enquête à moins de 6,22 € le m² mensuel, soit 622 € pour un 100 m². Moins de la moitié du parc HLM francilien (43 %), soit 512 000 unités, respecte ce tarif. Insuffisant pour loger les 762 000 ménages pauvres de la région la plus riche de France. Ces 250 000 HLM manquants sont « le fait de 250 municipalités qui demeurent récalcitrantes à la mixité sociale », enfoncent les enquêteurs.

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« 60 communes très accueillantes »

Réalisée en partenariat avec l’Institut Paris Région (IPR), la cartographie met en avant la répartition inégale de ces logements. « Ils sont concentrés dans 30 communes de Seine-Saint-Denis et 30 communes très accueillantes d’autres départements », commente Pierre Maréchal, membre d’Habitat et Humanisme et responsable de la cartographie.

Autre observation : les deux-tiers des logements sociaux mis en service avant 1980 proposent des loyers très abordables. Une proportion qui chute à 13,4 % pour les HLM de moins de vingt ans.

Dans un contexte de marché sous-offreur, le rapport déduit que les logements à destination des plus pauvres diminue car « la plupart des communes aisées préfèrent construire pour les classes moyennes », en particulier en petite couronne. A l’inverse, la grande couronne accueille davantage de logements sociaux à des tarifs plus abordables grâce à un foncier moins cher.

Conclusion, à destination des élus et bailleurs : « le parc social francilien remplit de moins en moins sa mission prioritaire, qui consiste à loger les ménages à faible revenu vivant en Ile-de-France ».

Pour un espace public inclusif

L’un des rares points positifs soulevé dans le rapport de 200 pages concerne sur la bonne volonté de Société du Grand Paris (SGP) et de la Région Ile-de-France, en matière d’espace public. En effet, est demandé aux maîtres d’ouvrage des 68 gares du futur métro de penser inclusion.

Conçu par l’agence parisienne d’architecture et d’urbanisme TVK, un guide dédié préconise notamment la création de places assises, précisant que « les effets de squat ou d’appropriation prolongée des places assises sont atténuées lorsque celles-ci sont systématiquement plus nombreuses que nécessaire ». Les fontaines à boire, poubelles et toilettes publiques sont aussi citées comme bonnes idées.

Reste que la « logique sécuritaire » défavorise les plus pauvres. Exemple en lisière du Bois de Boulogne, où un centre de migrants avait suscité en 2018 l’indignation d’habitants du chic 16e arrondissement. « Ce qu’on veut, au minimum, c’est l’indifférence des riverains », confie Olivier Launay. Et de positiver : « Dans 90 % des cas, la cohabitation se passe bien. »

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