En matière de réemploi, le groupe GCC va accélérer. L’entreprise de BTP annonce le lancement de la version 2 au printemps 2024 de son application Réutil, qui permet, grâce à une plateforme numérique, de mettre en relation ses équipes en interne et faire correspondre une offre de matériau de réemploi avec un autre chantier. En plus de nouvelles fonctionnalités, notamment une meilleure traçabilité des matériaux, le groupe a surtout ouvert sa plateforme à des ETI partenaires… et concurrentes. « Demathieu Bard, Léon Grosse, Rabot Dutilleul, Legendre et Paris Ouest. Nous sommes allés taper à leur porte pour leur proposer de participer, » explique le directeur technique de GCC, Stéphane Loiseau.
Une application ouverte
Ce projet part d'un constat simple : « le réemploi a du mal à fonctionner dans le bâtiment car il y a trop d’initiatives isolées, poursuit le directeur technique. Nous avons donc du mal à massifier, d’où cette idée d’impliquer les concurrents. » La logique de fonctionnement de cette nouvelle version de Réutil est, elle aussi, simple. Il s’agit de permettre à ces ETI présentes sur toute la France de proposer des matériaux de réemploi sur la plateforme et leur donner la possibilité d'en récupérer pour leurs projets de construction. Un échange de bons procédés pour l'instant, « comme on peut le voir depuis toujours sur les chantiers. Celui qui met à disposition donne, celui qui récupère paie le transport, précise Stéphane Loiseau. Par la suite, il y aura la possibilité de gérer des transactions sur la plateforme, mais le mode de transaction n’est pas encore défini entre nous. »
Une vision sur le long terme
Autre particularité de cette nouvelle application, son interopérabilité. « L’idée serait à l’avenir de pouvoir connecter notre plateforme avec les autres, comme par exemple celles de Cycle-up ou Articonnex. Tant que nous n’arrivons pas à pousser le réemploi à notre échelle, il faut faire participer un maximum d’acteurs. » GCC a donc choisi d’abord de massifier, afin de pouvoir résoudre la problématique économique ensuite.
« Le fait est qu’un matériau de réemploi est plus cher qu’un matériau neuf. La dépose méthodique implique un surcoût, rallonge les délais. Puis il faut reconditionner les matériaux. Il y a à chaque fois une couche d’intervention qui, dans un process non industrialisé, fini par couter cher », analyse le directeur technique de GCC.
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Les seuils RE2020 en ligne de mire
En dehors de Réutil, GCC essaie de prendre de l’avance pour intégrer le réemploi dans ses process. Une démarche qui se retrouve dans le recrutement de deux diagnostiqueurs PEMD. « Nous essayons de remonter la chaîne du côté des maîtres d’ouvrage, pour sourcer dès le départ les matériaux réemployables », explique Stéphane Loiseau.
Pour ce dernier, les enjeux du développement du réemploi sont en effet importants, « d’abord pour notre attractivité : il y a un changement sociétal, et nous devons nous adapter pour attirer les jeunes générations. » Mais l’enjeu est aussi économique, notamment avec la RE2020. « Ce serait un leurre de penser que nous réussirons à respecter les prochains seuils en comptant seulement sur les industriels. C’est un ensemble de solutions, impliquant le réemploi, qui nous permettra d’y arriver », explique le directeur technique de GCC.
Cette deuxième version de l’application Réutil ne serait donc qu’un commencement dans la massification du réemploi. « La volonté est forte d’emmener la profession dans cette démarche. Ce n’est pourtant pas très naturel d’aller voir ses concurrents. Mais si, avec nos petits moyens, nous arrivons à faire collaborer 6, 10 ou 15 entreprises d’ici un an, ce sera une réussite ! », conclut Stéphane Loiseau.