Une page se tourne, ce 29 mars. Le closing du nouveau leveraged buy-out (LBO) de GCC marque une étape décisive dans le développement du 11e groupe français de construction. Cette opération - la quatrième depuis 1999 - implique en effet un nouvel engagement d’actionnaires mais aussi un nouveau dirigeant en la personne de François Teste du Bailler. « Un LBO est porté par un homme ou une femme, ainsi qu’une équipe », confirme au « Moniteur » celui qui pilotait jusqu’à présent le pôle construction du groupe.
Un page se tourne donc, mais les protagonistes restent. Chez les dirigeants d’abord : si Jacques Marcel cède le fauteuil de président du directoire qu’il occupait depuis 2015, c’est pour trouver celui de président du conseil de surveillance. Son prédécesseur, Claude Gaillard, se voit quant à lui propulsé président d’honneur, une fonction créée sur mesure. Chez les actionnaires aussi, la stabilité est de mise : les cadres et salariés de l’entreprise conservent toujours, dans ce nouveau pacte, 78% du capital, même si le nombre de managers actionnaires passe de 60 à 150 (dont 20 femmes et un maître-compagnon). Quant aux partenaires financiers qui complètent l’opération, ils restent eux aussi fidèles à l'entreprise depuis plus de 20 ans : BNP Paribas Développement, Bpifrance, BTP Capital Investissement et ESFIN Gestion.
Inutile, donc, de chercher ici une rupture franche. François Teste du Bailler ne s’en cache pas : il entend marcher dans les pas de ses prédécesseurs. « Je souhaite poursuivre l’aventure démarrée en 1999 et faire perdurer ce modèle d’ETI indépendante très décentralisée », précise celui qui a longtemps travaillé chez les majors.
Cette filiation revendiquée ne l’empêche de prendre en compte un contexte en profonde évolution pour mener son groupe jusqu’à l’échéance du LBO, en 2030. « A côté des clients, des élus, des salariés... une nouvelle « partie prenante » fait son apparition : notre planète qui brûle. Je formule le vœu de faire de GCC une entreprise contributive, consciente de ces enjeux et engagée ». Le tout, en respectant la culture « entrepreneuriale » de l’entreprise qui, forte de ces 50 agences, ne doit pas être gérée « par des processus et des indicateurs ».
Coup d’accélérateur sur la rénovation
Pour le pôle construction (800 M€ de CA en 2022, sur 1,4 Mds € du groupe), cet engagement se traduit en particulier par un coup d’accélérateur sur l’activité de rénovation et réhabilitation. Quasi nulle il y a dix ans, elle est désormais portée par quelques agences spécialisée dans la rénovation du parc social et pèse pour un quart de l’activité. En 2030, cette part aura doublé, ce qui implique une transformation profonde des savoir-faire et des velléités de s’attaquer au marché des copropriétés.
Le pôle promotion (200 M€ en 2022) devra lui aussi prendre le virage de la rénovation. Quant au pôle énergie (160 M€ en 2022), il devrait tirer parti de la quête d’efficacité énergétique, dans le tertiaire comme dans l’industrie. De 700 salariés aujourd’hui, il devrait compter un millier de collaborateurs d’ici 2025.
Pour acquérir les compétences indispensables à cette ambition verte, GCC n’exclut bien évidemment pas la croissance externe, avec quelques secteurs privilégiés. Du côté de l’enveloppe du bâtiment, notamment la façade. Du côté des énergies renouvelables, en installation ou en production, mais aussi du nucléaire, dans les métiers de l’énergie ou la maintenance du génie civil. Du côté de la gestion de l’eau, également. Tout cela dépendra bien évidemment des opportunités des rencontres qui se présenteront. La nouvelle page de GCC est encore à écrire.