Du plomb dans l’aile de France Rénov’ qui vient de prendre son envol ?
Lancé officiellement ce mercredi 12 janvier, ce nouveau service public, fruit de la fusion des 450 guichets d’information de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) et du réseau FAIRE piloté par l’Ademe, risque de ne pas pouvoir suivre la montée en puissance annoncée des travaux globaux de rénovation énergétique des logements.
En cause, le flou autour des « accompagnateurs » à mobiliser. Par exemple, des architectes, des bureaux d’étude et autres professionnels, chargés de guider les ménages à leur domicile et pas à distance, principale mission des plus de 1 000 conseillers France Rénov’.
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Choix des travaux
La publication du décret sur les conditions d’obtention de l’agrément pour devenir accompagnateur est annoncée « dans les mois qui viennent » par la ministre du Logement Emmanuelle Wargon, qui refuse de s’engager sur une date malgré « le calendrier resserré de fin de mandat ».
Le temps est à « la concertation » avec les architectes, urbanistes et autres « professionnels de l'accompagnement », confie-t-elle.
Conséquence, la « mise en place » du décret n’est plus prévue au deuxième semestre 2022 comme le souhaitait le ministère mais « au 1er janvier 2023 », affirme Emmanuelle Wargon.
Les professionnels agréés seront mobilisables en 2023. Leurs missions consisteront à « suivre les aspects techniques, comme le choix des travaux, administratifs et financiers, notamment pour mobiliser les aides financières disponibles, et sociaux, pour accompagner les ménages les plus fragiles », résume le ministère.
Autrement dit, les déplacements au domicile des ménages incomberont, jusqu’en décembre prochain, aux « salariés des guichets » et à « leurs délégataires déjà au travail » sur le terrain comme Soliha et Urbanis, explique la ministre. Actuellement, les conseillers consacrent plus de temps à répondre à des questions générales par téléphone ou par mail qu’à se déplacer chez les particuliers en quête d’un accompagnement individualisé.
Autre enjeu du décret : rendre l’accompagnement obligatoire à partir d’une date à déterminer selon la typologie du ménage, par exemple le niveau de ressources, ou un plafond du coût estimé des travaux à réaliser.Ces deux pistes sont actuellement étudiées par le ministère et les professionnels invités à donner leur avis.
« Dans le cadre d’une rénovation globale combinant plusieurs gestes avec un gain énergétique élevé, cela a du sens. Pour un simple changement de chaudière, il n’y a pas besoin d’accompagnateur », observe le cabinet du ministère du Logement, interrogé par Le Moniteur.
Croissance non-chiffrée des effectifs
Ni l’Anah ni le ministère ne s’engagent sur un objectif chiffré de recrutements internes (conseillers) et externes (accompagnateurs).
Nécessaires, les créations de postes de conseillers dépendront de « la demande locale », anticipe Valérie Mancret-Taylor. Confiante, la directrice générale de l’Anah ne voit « pas d’obstacles budgétaires en ce début d’année » pour augmenter les effectifs.
La promesse d’un nouveau site Internet a en tout cas été tenue. Comme annoncé par le ministère du Logement, les particuliers peuvent depuis ce début d’année s’y rendre pour « demander MaPrimeRénov’ » ou « trouver un artisan qualifié (RGE) ». Les professionnels peuvent, entre autres, se renseigner sur les formations afin de « monter en compétences ». Et les collectivités locales, s’informer sur « les aides à l’ingénierie » ou encore « le raccordement des copropriétés aux réseaux de chaleur ».
En attendant la campagne de communication nationale à partir du 17 janvier sur ce nouveau service public, les conseillers France Rénov’ sont joignables au numéro de téléphone unique : 0 808 800 700.