Apporter des solutions de financement adaptées aux TPE et PME du BTP. C’est le leitmotiv de Faktus, créée en 2023. « Il s’agit d’un compte professionnel destiné aux petites entreprises à travers lequel nous proposons des services allant du crédit à l’affacturage », explique Reda Kabbaj, cofondateur de l’entreprise et ancien de Coface et McKinsey.
Mais l’idée de cette nouvelle société n’aurait pas pu émerger sans Alexandre Pochon, ancien dirigeant d’une PME de CVC. « J’avais une entreprise dans le bâtiment rentable, qui se développait, mais qui était en quasi cessation de paiement tous les mois, notamment en raison d’un gros souci de besoin en fonds de roulement (BFR), raconte l’autre cofondateur de Faktus.Je me suis alors rendu compte que le problème ne venait pas de la gestion de l’entreprise, mais était spécifique au secteur banquier du BTP. »
Une course d'obstacles bancaires
« En dessous de 10M€ de chiffre d’affaires, les TPE et PME du BTP se retrouvent face à des banques qui ont des services totalement inadaptés aux spécificités du financement d’un chantier », reprend Reda Kabbaj. Et les chiffres qu’il avance sont parlants : « Seulement 10% des entreprises bénéficient de l’affacturage et 7% des cautions. »
Concrètement, Faktus cherche à lever deux obstacles majeurs que rencontrent les entreprises dans le financement de leurs chantiers. « Tout d’abord, les banques ne comprennent pas le système de facturation d’un chantier. Alors qu’elles souhaitent une facture finie avec un bon de livraison, le chantier se compose de plusieurs factures qui interviennent à différentes étapes », remarque Reda Kabbaj.
Puis, pour fournir des crédits, « elle regardent les bénéfices de l’entreprise et sa profitabilité. Or, ce ne sont pas les seuls indicateurs pour évaluer une entreprise du BTP », continue le dirigeant. Dans le cadre de marchés publics, les entreprises du bâtiment doivent avancer 20% du coût du chantier, « ce qui les mettent dans le rouge tous les mois », rappelle Alexandre Pochon.
S'adapter aux petites entreprises
Faktus propose donc trois services permettant aux TPE et PME qui répondent à des marchés publics de financer leurs chantiers. « Nous avons d’abord un système d’affacturage chantier par chantier. Puis nous avons une caution de retenue de garantie, alors qu’elle est généralement réservé pour les entreprises qui réalisent plus de 5M€ de CA », énumère Reda Kabbaj. Sans oublier l’avance du matériel, qui « n’existe tout simplement pas sur le marché », soutient-il.
Le coût de ces opérations de financement représentent en moyenne 1,5% du coût du chantier, « mais l’entreprise est assurée d’être payée à 90% à la fin du mois et d'avoir une trésorerie positive sur le chantier du début à la fin », assure Alexandre Pochon.
Faktus n’est pas une banque, mais une société de financement, et fonctionne comme un compte professionnel. D’ailleurs, « la création d’un compte prend 15 minutes. Notre comité risques donne ensuite une réponse pour la partie crédit en 48h », explique Reda Kabbaj.
Les deux dirigeants mettent aussi en avant la flexibilité du service, puisque les entreprises ne peuvent faire appel à Faktus chantier par chantier, et n'ont pas d'engagement auprès de la société de financement. « Finalement, nous aspirons à devenir le Qonto du BTP », ambitionnent les deux dirigeants.
Recrutement
Et si Faktus est digitalisé, ses cofondateurs comptent bien y ajouter de la proximité, comme l’explique Alexandre Pochon : « Nous voulons embaucher 40 agents de proximité sur l’ensemble de la France qui parlent la même langue que les professionnels du BTP. »
Pour l’instant, Faktus n’adresse que les marchés publics, « qui ont des validations spécifiques et sur lesquels les factors sont peu, en particulier pour les sous-traitants, détaille Reda Kabbaj. Mais à terme, nous souhaitons aussiproposer nos services pour les marchés privés, et développer de nouveaux produits d’assurance, comme la décennale, ou des cautions. »
Faktus, qui déclare une capacité de financement de 50M€, est en train de finaliser une ligne de financement de 250M€.
