Le 16 avril, la signature de la convention Etat-région intitulée "Réussir la transition énergétique en Alsace"permettra à Jean-Louis Borloo de respecter la parole donnée en octobre 2007 à la région : lors du conseil des ministres réuni à Strasbourg, le ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire avait désigné l’Alsace comme "pilote du Grenelle".
"En dotant l’Ademe Alsace de 13 millions d’euros au lieu de trois millions, l’Etat nous donne les moyens d’appuyer la basse consommation", résume Jean-Luc Sadorge, directeur de l’environnement au conseil régional.
Un fonds "chaleur renouvelable"
La convention crée un "fonds chaleur renouvelable" qui permettra à l’Etat d’accompagner cinq projets lourds en géothermie profonde, dont celui de Roquette Frères : allié à Electricité de Strasbourg dans une filiale commune destinée à la première exploitation industrielle de la chaleur des roches chaudes, cristallines et fracturées du fossé rhénan, le transformateur d’amidon de Beinheim fabriquera son électricité. Il distribuera la chaleur excédentaire à des exploitants de serres agricoles. Le plafond de garantie dépassera les 3 millions d’euros en vigueur en Ile-de-France pour la géothermie profonde, compte tenu des spécificités géologiques alsaciennes. A cet engagement de l’Etat, la région répond par des projets photovoltaïques sur toutes les toitures qui le permettent, dans les lycées alsaciens. Le recensement en cours aboutira en mai.
L’Etat et la région organisent aussi leur complémentarité dans les rénovations énergétiques de logements : des primes régionales de 3 000 euros compléteront les prêts à taux zéro chers à Jean-Louis Borloo. La région abondera par des subventions de 3 000 euros les rénovations énergétiques d’HLM soutenues par des prêts d’Etat bonifiés à 1,9 %.
Le salon Energivie marquera une étape dans les progrès du contrôle de la qualité des travaux : Antoinette Gillet, présidente d’Effinergie, signera les premières "chartes" estampillées par le collectif pour certifier les compétences des entreprises et des maîtres d’œuvre formés à la basse consommation. Ces dispositifs s’accompagnent d’ambitions chiffrées : la région espère passer cette année le cap des 200 projets labellisés basse consommation ; un programme en cours de lancement avec les bailleurs sociaux porte sur 500 rénovations énergétiques.
Jouer la carte de l’Europe
Evénement régional qui sert de cadre aux Assises nationales du bâtiment basse consommation, Energivie joue aussi la carte européenne. Animée par la rédaction du "Moniteur", la séance plénière du 16 avril approfondira cet enracinement : auteure de "L’architecture écologique au Vorarlberg" à paraître en mai aux Editions du Moniteur, Dominique Gauzin-Müller, architecte française établie à Stuttgart, présentera l’exemple de rénovations de logements sociaux qui ont atteint le facteur 10, en réduction des consommations d’énergie. Camille Bouchon, dirigeante de la filiale strasbourgeoise du bureau d’études Solares Bauen, basé à Fribourg-en-Brisgau, résumera l’étude livrée en 2008 sur les produits et techniques disponibles en Suisse, Allemagne et Autriche dans le bâtiment basse consommation. "On a trop tendance à rééditer des démonstrations sur des techniques déjà éprouvées", note l’ingénieur. Derrière ce constat, se cache un des enjeux majeurs d’Energivie : amener le territoire du Rhin supérieur à jouer un rôle de plaque tournante européenne dans la construction durable.