Dans la salle, une cinquantaine de personnes sont présentes. Ils sont maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre ou membres d’entreprises de travaux et souhaitent construire ou réhabiliter de façon durable. Tous sont venus s’inspirer des retours d’expériences et des bonnes pratiques des projets présentés devant un jury pluridisciplinaire. Ce jour-là, trois bâtiments conçus pour être responsables sur le plan environnemental seront passé au crible.
A l’heure de notre visite, l’architecte Maxime Jansens présente son chantier de la salle polyvalente RosaParks à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) au côté de la SPL Marne-aux-Bois et du bureau d’étude Tribu Energie, AMO sur l’opération. Six experts sollicités parmi les membres du réseau d’Ekopolis, le centre de ressources qui porte la démarche Bâtiments durables en Ile-de-France (BDF), doivent l’examiner. « Ils ont pour mission d’évaluer la cohérence globale et l’innovation des projets. Ils peuvent décider d’attribuer jusqu’à 20 points supplémentaires à ceux déjà obtenus en amont de la présentation », explique Véronique Pappe, directrice d'Ekopolis.
Notation par points
Pour obtenir le précieux référentiel, les équipes doivent en effet satisfaire des exigences minimales à partir d’une première grille commune de notation sur 85 points. Ces premier critères concernent la cohérence avec le territoire et le site. Elle se mesure selon l’empreinte carbone, le respect de la biodiversité ou la limitation des effets d’îlots de chaleur urbain.
D'autres points sont attribués pour la prise en compte du confort et de la santé des occupants, l’utilisation des ressources bio ou géo-sourcés locaux, le recours à des matériaux issus du réemploi, la performance énergétique, et bien sur la gestion de l’eau. La conduite de projet, qui comprend le bon établissement des diagnostics ou la propreté du chantier est également évaluée, ainsi que les aspects de solidarité au travers des enjeux d’insertion professionnelle ou d’accessibilité.
Ces méthodes participatives encouragent la montée en compétence et permettent de pousser le projet, qui s’enrichit des recommandations à chaque commission »
— Véronique Pappe, directrice d'Ekopolis
Accompagnement en interne
Afin de satisfaire chacun de ces critères, « les équipes s’appuient sur l’accompagnateur BDF, un membre de la maîtrise d’œuvre ou de l’assistant à maîtrise d’ouvrage de l’équipe projet, formé et agréé par Ekopolis », détaille Véronique Pappe. En l’occurrence, concernant le chantier de l’équipement RosaParks, Tribu Energie tient ce rôle. Elles peuvent aussi compter sur l’appui d’un instructeur Ekopolis. Et ce dès la programmation, en amont du permis de construire, jusqu’à l'exploitation.
Initiée en 2017, cette démarche est également portée par les autres régions via le référentiel Bâtiment durable méditerranéen (BDM), ou Nouvelle-Aquitaine (BDNA). Elle est complétée depuis 2021 par la démarche Quartiers durables.
Evaluation participative
Les projets sont ainsi évalués à trois reprises, en phase conception, réalisation et exploitation, ce qui confère toute son originalité à la démarche. « Ces méthodes participatives encouragent en effet la montée en compétence et permettent de faire progresser et évoluer le projet, qui s’enrichit des recommandations à chaque commission », souligne la directrice. A l’issue de chacune, ils se voient d’ailleurs décerner un niveau de reconnaissance : cap (à partir de 20 points), bronze (40 points) argent (60 points) ou or (80 points).
Après 40 min de présentation et de questions du jury sur l’opération RosaParks à Fontenay-sous-Bois, lors desquelles ont été évoquées les cloisons intérieurs en brique de terre cuite laissées apparentes, l’intégration d’une bande végétalisée pour infiltrer les eaux pluviales, ou la révision de la disposition d’un banc autour d’un arbre pour ne pas affecter ses racines, le projet a reçu le niveau Argent en phase réalisation.Médaille qui ne deviendra définitive qu’à l’issue de la troisième et dernière commission, après deux ans d'exploitation.