« En matière de ventilation, le taux de non-conformité dans les logements neufs concerne 50 % des livraisons », alertait Andrés Litvak, responsable construction bâtiment au Cerema Sud-Ouest lors de la présentation de la démarche Ecrains en Nouvelle-Aquitaine fin janvier. Cette méthode - portée par plusieurs centre de ressource régionaux - dont l’acronyme signifie Engagement à construire responsable pour un air intérieur sain, constitue une approche préventive qui vise à améliorer la qualité de l’air intérieur (QAI) en limitant durablement les émissions de polluants à la source. Il y a donc un pas de géant à effectuer. Un défi adressé aux maîtres d’ouvrage, maîtres d’œuvre et entreprises qui s'engagent dans l’obtention du label Ecrains à réception de leurs ouvrages.
Analyse des polluants du site …
Pour obtenir le label, les équipes doivent satisfaire des exigences minimales à partir d’un référentiel commun, et peuvent gagner des points supplémentaires en fonction de la nature des projets. Pour cela, la méthode se décompose en quatre missions techniques. La première concerne la gestion des polluants atmosphériques. « Elle vise à limiter les transferts de polluants qui viennent de l’extérieur (automobile, ferroviaire, portuaire, industriel...) en s’appuyant sur des techniques d’abattement et des procédés de filtration », explique Lionel Combet, ingénieur en charge de la construction durable à l’Ademe, à l'initiative de la méthode. Il s’agit ensuite de prendre en compte les polluants du sol, comme le radon ou les pollutions historiques dues à d’anciennes activités, qui devront faire l’objet d'une attention particulière.
… Et des polluants intérieurs
La mission suivante consiste à analyser les sources de pollution interne, c’est-à-dire celles émises par les produits de construction ou de mise en œuvre, et de maîtriser le taux d'humidité. « Nous avons mis en place un système de vérificationen phase chantier, là où les transgressions sont les plus fortes », insiste Claire-Sophie Coeudevez, directrice conseil et formation chez Medieco, société de conseil spécialisée dans la QAI qui a participé à la mise au point de la démarche Ecrains. Par exemple, un accompagnateur doit être désigné au sein de l'équipe projet pour vérifier que les produits A+ pour la qualité de l'air intérieur sont bien mis en oeuvre sur le chantier.
De même, colles et les mastics doivent être rigoureusement choisis pour ne pas émettre de composés organiques volatils (COV). Dans ce cadre, Ecrains a également mis en place des guides de bonnes pratiques adaptés aux différents métiers et organisera des sessions de sensibilisation des entreprises pendant les chantiers. Enfin, la performance des installations de renouvellement d’air, de chauffage ou de climatisation, est regardée à la loupe.
Enfin, une fois le bâtiment achevé, des campagnes de mesures permettent de mesurer les taux réels de formaldéhyde, de benzène et de dioxyde de carbone. Tous les polluants préalablement suspectés sont également analysés.
Validation en conception, en chantier, et à réception
« Un label de plus, certes », anticipe Claire-Sophie Coeudevez, qui connaît bien les référentiels HQE, Breeam ou Lead qui eux aussi intègrent cette notion de QAI et imposent la réalisation de mesures pour obtenir la certification. Mais Ecrains, qui engage tout en protocole en amont, ne se limite pas à la mesure finale. Surtout l'obtention du label est validée en commission publique en phase conception, chantier et réception, à l’instar des démarches régionales Bâtiments durables desquelles elle s’inspire. Qui plus est, son protocole de mesures a été établi afin de compléter les démarches existantes afin d'éviter de multiplier les mesures.
