Il n’y avait aucune raison d’en douter : Xavier Huillard, P-DG de Vinci, a confirmé que l’année 2019 a été « très bonne » pour le géant du BTP, lors de la présentation des résultats annuels, le 5 février.
Avec un chiffre d’affaires global de 48 Mds €, en hausse de 10,4% sur un an, et un bénéfice net à près de 3,3 Mds € (+9,3%), le groupe voit dans ces performances une marque de la « solidité de son modèle ». Surtout, note Xavier Huillard, « toutes nos positions géographiques progressent, ce qui est un phénomène assez rare ». La croissance inonde par ailleurs l’ensemble des métiers du groupe.
Une croissance de 6% en France
La France représente toujours près de 55% de l’activité, soit 26,3 Mds € sur 2019. C’est 6% de plus sur un an, portée principalement par de la croissance organique. Des disparités régionales se font cependant toujours sentir.
Profitant de l’effet de cycle pré-électoral d’un côté ou encore de la montée en puissance des chantiers en Ile-de-France, et notamment sur le Grand Paris Express, l’ensemble des filiales a su tirer son épingle du jeu : le chiffre d’affaires des concessions augmente ainsi de 4,7% (6 Mds€), celui de la partie contracting de 6% (19,5 Mds€), avec une mention spéciale pour Eurovia qui progresse de 8,5% (5,5Mds€).
Vinci immobilier se porte également très bien et enregistre une hausse de 19% de son CA (à 1,3 Mds€). Le nombre de logements réservés s’est « légèrement contracté », à 6 215 lots contre 6 333 en 2018. Un niveau qui reste élevé pour le P-DG du groupe, à la faveur « des taux d’intérêts restés bas, voire plus bas que l’année précédente ». Dans l’immobilier de bureaux, les surfaces vendues sont à l’inverse en forte hausse : +64%, pour un total de 102 000m2. Le résultat net de la filiale recule en revanche (-3,7% à 65M€), ce qui peut être expliqué par la hausse à la fois des coûts d’acquisition du foncier, et des travaux eux-mêmes.
L’international gagne du terrain
La part de l’international continue de progresser. Il atteint 45% du chiffre d’affaires global du groupe (soit 21,7Mds€) en 2019, contre 43% un an plus tôt. La dynamique est particulièrement soutenue « en Belgique, au Portugal, en République tchèque, en Suède, aux Etats-Unis, au Canada, en Afrique, en Australie ou encore en Nouvelle-Zélande », énumère Xavier Huillard.
Les Etats-Unis représentent le 3e marché de Vinci à l’étranger, avec un chiffre d’affaires de 2,2 Mds. Devant se trouvent l’Allemagne et le Royaume-Uni, qui génèrent chacun environ 3 Mds€.
En Afrique, des prises de commandes importantes en 2018 laissaient envisager une belle année sur le continent. « Ce qui a clairement été le cas », affirme le P-DG, puisque le chiffre d’affaires a bondi de 19% sur le continent, à 1,6Md€.
Bénéfice des croissances externes
L’international a aussi profité à plein régime des effets des opérations de croissance externe. Aux Etats-Unis, c’était la première année pleine après l’acquisition de Lane construction, côté Eurovia, qui a permis au groupe de doubler de taille dans l’est et le sud-est des Etats-Unis. Et de contribuer au CA total à hauteur de 600M€ environ sur 2019.
La contribution à la suite de l’acquisition de PrimeLine par Vinci Energies, toujours aux Etats-Unis, se fait aussi sentir. Mais ce n’est pas la seule intégration qui profite à cette filiale, puisque 2019 marquait la première année d’intégration de Wah Loon engineering, à Singapour, et que « nous commençons à percevoir les effets des 34 autres acquisitions, petites et moyennes, réalisées en 2019 », souligne Xavier Huillard.
Côté concessions, c’est principalement l’intégration de l’aéroport de Londres Gatwick, en mai 2019, qui a joué. Il a ainsi permis d’apporter 700M€ supplémentaires au chiffre d’affaires l’an passé. Toutes ces acquisitions ont par ailleurs eu un effet sur la dette du groupe. L’endettement financier net s’élève ainsi à 21,7 Mds€, soit 6,1 Mds de plus qu’en 2018. « Un niveau élevé, reconnaît le P-DG, mais gérable et maîtrisé. »
Une bonne moisson attendue pour 2020
Au regard du carnet de commandes à fin 2019, Xavier Huillard est confiant pour 2020. Il s'élevait à 36,5 Mds€ au 31 décembre, soit 10% de plus qu’un an plus tôt, représentant 11 mois d’activité. Là encore, l’international gagne du terrain puisque le carnet de commandes atteint 20,9 Mds€ (+16%), soit 57% du total.
En France, Xavier Huillard n’espère pas de miracle : les élections municipales et intercommunales vont, comme d’habitude, ralentir l’activité. Cependant, le niveau du carnet de commandes (15,6 Mds€, +3%) et la bonne santé retrouvée des collectivités locales lui permettent malgré tout de miser sur une stabilité du chiffre d’affaires. Et de conclure : « Nous démarrons l’année dans un bon momentum, avec une bonne moisson qui se prépare. La partie contracting devrait poursuivre sa croissance, mais avec un taux moindre. »
