CNR Logement : ce que ces deux entrepreneurs du bâtiment en attendent

Alors que la FFB réclame des mesures d’urgence pour endiguer une crise du logement neuf à l’horizon 2025, les dirigeants d'ERB et Marcoretz font valoir une vision différente du marché, et attendent avant tout des directions économiques et environnementales claires pour leur société.

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Thomas Grenouilleau, président associé d'ERB et Xavier Lebot, PDG de Macoretz
Thomas Grenouilleau, président associé d'ERB et Xavier Lebot, PDG de Macoretz.

« La crise du logement neuf ». C’est en ces termes que la future baisse d'activité des CMIstes et constructeurs de logements neufs plane à la FFB depuis le 12 avril. Ce jour-là, Olivier Salleron, président de la FFB, annonçait le pire pour le secteur en 2025. A ce moment, les mises en chantier sur les 12 derniers mois en glissement annuel à fin février 2023 étaient en baisse de 6,4 %, et surtout avec -26,7 % pour les autorisations sur les 3 mois précédents.

A l’approche du CNR Logement lundi 5 juin, les craintes et propositions de la FFB sont pleinement d’actualité, alors que la fédération estime la suppression potentielle de 100 000 emplois dans le secteur d’ici à 2025. Le président de la FFB avait d’ailleurs enchaîné les propositions de mesures de soutien financier et les recommandations réglementaires : un nouveau dispositif Pinel pour redynamiser le secteur à court terme, un assouplissement de la ZAN, le rétablissement d’une quotité de PTZ de 40 % dans le neuf en zones B2 et C avec barèmes réévalués et indexés ou encore un crédit d’impôt RE2020 sur les annuités d’emprunt. 

Donner une vision claire du logement

Seulement, dans un marché du neuf où les modèles économiques des sociétés ne semblent plus être viables, certaines entreprises du bâtiment n’attendent pas des mesures d’urgence, mais bien une vision claire du gouvernement pour le futur du logement. Thomas Grenouilleau, dirigeant d’ERB (Pays de la Loire), entreprise générale du bâtiment spécialisée dans la construction de logements et de bâtiments tertiaires, déclare ainsi « ne pas attendre de la part de l’Etat de l’argent. Je pense qu’en réorganisant nos affaires, nous pouvons développer notre activité. »

Le chef d’entreprise fait valoir des attentes plus générales concernant ce CNR Logement : une vision pour repenser le modèle économique des entreprises générales du bâtiment, un questionnement sur les grands enjeux numériques et environnementaux, ainsi que sur les nouveaux matériaux et techniques de construction. « Le neuf ne va évidemment pas s’arrêter, affirme Thomas Grenouilleau, et j’attends des propositions concrètes pour concilier la nécessité de loger les gens, la transition environnementale, et un modèle économique rentable pour nos entreprises en pleine mutation. » 

Stopper cette spirale de financement 

Pour le dirigeant de Macoretz (Loire-Atlantique), entreprise générale du bâtiment historiquement spécialisée dans la construction de maisons individuelles, Xavier Lebot, « l’Etat a toujours financé le renchérissement du foncier, notamment avec le dispositif Pinel. Or, aujourd’hui, le foncier est rare, les taux ont augmenté et son prix continue d’augmenter, avec une faible augmentation du prix des loyers décorrelée de la forte augmentation du prix du foncier. Il faut arrêter de financer cette spirale. »

Pour le chef d’entreprise, il faut plutôt travailler sur la construction bas carbone ainsi que sur les externalités du logement neuf, comme les transports. Xavier Lebot énumère donc trois attentes fondamentales du CNR Logement : « Mettre en place des normes en continuité avec la RE2020 tout en favorisant la densification urbaine,  utiliser le bail réel solidaire (BRS) afin d’éviter une explosion du foncier et favoriser l’accès au logement des plus précaires, et augmenter les subventions pour la rénovation énergétique. » Une dernière proposition qui peut étonner venant de la part d’un Cmiste, et pourtant. « Il y a deux ans, nous avons décidé de réorganiser l’entreprise. Ainsi, en 2021, la construction neuve représentait 70 % de notre chiffre d’affaires. En 2024, elle en représentera le tiers, tandis que l'on devrait faire un tiers dans la rénovation et un autre tiers grâce à une activité de densification, surélévation et promotion immobilière privée. » 

Loin d’espérer des subventions et des aides d’urgence, ces deux entreprises du bâtiment se réorganisent, et tentent de créer un modèle d’entreprise qui allie transition écologique et économique. « Que ce soit en neuf ou en rénovation, nous avons avant tout besoin de visibilité de la part du gouvernement », conclut Xavier Lebot.

ERB : l'entreprise générale du bâtiment spécialisée dans la construction de logements neufs ainsi que d'ERP, bureaux et bâtiments tertiaires, compte 100 salariés, et a réalisé 15,5 M€ de chiffre d'affaires en 2022. 

Macoretz : cette entreprise générale du bâtiment est spécialisée dans la construction de logements individuels, mais se positionne depuis deux ans sur la rénovation, la surélévation des bâtiments ainsi que la promotion immobilière privée. Elle compte 230 salariés pour un chiffre d'affaires en 2022 de 24 M€. 

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