C’était une dernière. En raison de sa prochaine absorption par son propriétaire, le groupe italien Italcementi, Ciments Français dévoilaient jeudi ses ultimes résultats annuels. Ultimes aussi pour son président, l’emblématique Yves-René Nanot (voir encadré), qui aurait sans doute voulu en dévoiler de plus positifs. Mais comme la plupart de ses concurrents, Ciments Français n’est pas passé à côté de la crise, notamment au 4ème trimestre. Si sur l’ensemble de l’année, le chiffre d’affaires progresse de 1,9% à 4,77 milliards d’euros, le résultat d’exploitation chute de 28,9% notamment en raison des coûts énergétiques, tandis que le résultat net dévisse de 43,7 % à 262 millions d’euros.
Avec un portefeuille déséquilibré entre pays matures et émergents (55% contre 38%), l’industriel du ciment, des granulats et du béton prêt-à-l’emploi n’a pu que subir des baisses de volumes sur tout ou partie de ses activités en France, Espagne, Belgique, et Grèce. Sans parler de l’Amérique du Nord où Ciments Français a fermé 7 fours, ramenant sa capacité de production cimentière à 6 millions de tonnes dont seuls 4,8 millions ont été écoulés.
Dans les pays émergents, la situation se veut plus contrastée avec de bonnes performances en Egypte, Maroc, Bulgarie, Chine, une stabilité en Thaïlande et un recul en Turquie et au Kazakhstan.
"2009 sera une année difficile". Paraphrasant ses concurrents, Yves-René Nanot estime que les pays développés devraient connaître un exercice en recul de 10 à 15% en volume et une certaine volatilité dans ceux émergents.
Ciments Français en tirent donc les conséquences en gelant ses investissements sauf ceux en cours aux Etats-Unis, Inde et Maroc, en cherchant un partenaire pour ses activités en Turquie qu'il n'a pas réussi à vendre au russe Sibirskiy Cement, et en réduisant ses effectifs de 1.000 personnes sur un total de 18.000 dans le monde. Aucun plan social n'est prévu pour le moment en France, a précisé Yves-René Nanot
"Nous voulons être réactifs et avoir un groupe d'une plus grande visibilité pour gérer cette crise", martèle le dirigeant, ajoutant que le groupe Italcementi sera "bien placé" en cas "de consolidation du secteur qui aura certainement lieu dans des pays comme l’Allemagne ou l’Italie où il y a respectivement 14 et 17 acteurs cimentiers".