Avec un chiffre d'affaires en progression de 8% (14,4 milliards d'euros) au cours des 9 premiers mois de l’année et un résultat d’exploitation courant (REC) en hausse de 14% (2,78 milliards d’€), Lafarge n’a que peu pâti de la décélération amorcée avant le déclenchement de la crise financière. Ainsi, sur le troisième trimestre les deux paramètres précités ont crû de 9%. Et c'est bien le ciment qui a tiré ses résultats avec +17% en termes de chiffre d'affaires et +24% pour le REC de janvier à fin septembre et respectivement +18% et +17% au cours du troisième trimestre.
En termes géographiques, les pays émergents ont contribué à hauteur de 45% au chiffre d'affaires et à 58% au REC. Les ventes des activités "Bétons & Granulats" et "Plâtre" ont, quant à elle, chuté de 2% sur neuf mois tandis que leur REC a dévissé de -7% et -59%. "Lafarge a l'avantage de ne pas être un paquebot mais une multitude de kayaks facilement manoeuvrables par gros temps", a imagé le kayakiste qu'est Bruno Lafont durant ses loisirs. De fait, les 3000 sites de production du fabricant ont la possibilité de diminuer très rapidement la voilure, ce qui fut fait notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni où quelques fours et usines ont été arrêtés. Pour la France, Lafarge ne prévoit pas pour l'instant de telles mesures même si "rien n'est exclu".
Ce cabotage devrait persister durant les mois qui viennent, Bruno Lafont refusant de confirmer les objectifs annoncés avant la crise financière. Mais une chose est sûr, la réduction des coûts et les désinvestissements ponctuels comme en Italie où Lafarge vient de céder ses activités ciment, bétons et granulats en raison d'une place jugée insuffisante sur le marché transalpin, vont se poursuivre pour "générer du cash flow et mieux préparer l'avenir".
Enfin, concernant la question qui fâche et l'enquête diligentée par la Commission européenne qui soupçonne les cimentiers d'entente, Bruno Lafont a voulu relativiser en rappelant qu'il s'agissait de la deuxième du genre après celle de la fin des années 80. Le patron de Lafarge en a profité pour rappeler que son groupe s'était doter d'une charte déontologique visant à mettre en "conformité nos actes avec les règles de la concurrence et ce, quel que soit le pays". D'ailleurs, Lafarge a dispensé à l'ensemble de ses managers une formation sur ce sujet.