Certification SBTi : pourquoi le monde du BTP se l'arrache

Le 4 janvier dernier, Bouygues Construction annonçait fièrement que l’initiative Science Based Targets (SBTi) avait validé ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES). Eiffage avait fait la même annonce l’été dernier, Vinci à la fin du printemps. Encore un effet d’annonce, du greenwashing ? Pas du tout.

Réservé aux abonnés
Emission de CO2
Emission de CO2

La Science Based Targets initiative (SBTi) est un partenariat noué en 2015 entre le Carbon Disclosure Project (CDP), le Pacte mondial des Nations unies, le World Resources Institute (WRI) et le Fonds mondial pour la nature (WWF). Leur objectif ? Aider les entreprises qui le souhaitent à réduire leur empreinte carbone alignée sur les recommandations du Giec et des accords de Paris (limitation du réchauffement climatique à 1,5°C).

Un organisme de notation mondial

L’accompagnement est assuré par une centaine d’experts indépendants, spécialistes de la responsabilité sociétale de l’entreprise, situés partout dans le monde. Les méthodes proposées, elles, sont issues de travaux scientifiques menant à des réalisations concrètes (d’où le nom : « objectifs basés sur la science »). La SBTi est un organisme de notation mondial, habilité à décerner une certification carbone aux entreprises. Il s’est imposé comme l’un des plus sérieux au niveau planétaire et accompagne, à ce jour, 3850 entreprises.

Un engagement volontaire des entreprises

SBTi n’impose rien : les entreprises s’engagent volontairement dans le processus et définissent elles-mêmes leurs objectifs – elles ont deux ans pour le faire. Elles doivent au moins chercher à baisser les émissions de gaz à effet de serre définies par les scopes 1 et 2 (qui représentent les émissions directes et indirectes de GES produits par l'activité propre de l’entreprise). Mais les plus sérieuses vont chercher, elles, à baisser également les émissions du scope 3 (les émissions de gaz à effet de serre qui ne sont pas sous le contrôle de l’entreprise, comme les déplacements domicile-travail, les déchets, l’utilisation et la fin de vie des produits vendus…), ce qui est beaucoup plus difficile.

Pour le secteur du BTP, l’enjeu n’est pas mince. Selon l’Insee, le bilan carbone du bâtiment et de la construction est le troisième poste d'émissions de gaz à effet de serre en France : l’engagement de Vinci, Eiffage et Bouygues peut avoir un impact significatif. Or, Bouygues a annoncé s’être fixé une diminution de 40% sur les scopes 1 et 2 et de 30% sur le scope 3 amont (en phase de construction) et aval (en phase d’exploitation) par rapport à 2019, ainsi qu’une réduction de 20% du scope 3 amont travaux publics.

Le Groupe Vinci, lui, vise une réduction de ses émissions directes (scopes 1 et 2) de 40 % et de 20 % de ses émissions indirectes (scope 3) par rapport à 2019. Eiffage va plus loin encore : - 46 % sur les scopes 1 et 2 d’ici à 2030 et - 30 % sur le scope 3 amont et aval par rapport à 2019 toujours.

Le délai que se sont fixés les trois entreprises est, lui aussi, sérieux : il faudra avoir atteint l’objectif en 2030, « signe que la direction qui engage l’entreprise dans ce processus sera a priori toujours là pour rendre des comptes à ce moment-là. C’est beaucoup plus responsable qu’une entreprise qui se donne 2050 comme horizon, quand le patron actuel sera parti depuis longtemps », explique une spécialiste du secteur, qui conseille nombre d’entreprises dans le domaine.

Un bénéfice d'image à la clé

Outre la lutte contre le réchauffement climatique, les entreprises ont également beaucoup à gagner en image, non seulement auprès du grand public, mais aussi (et surtout ?) auprès des investisseurs, selon la même spécialiste : « Si l’entreprise n’est pas sincère, il n’y aura pas de pénalités, mais les investisseurs le sauront et le prendront très mal : il faudra s’attendre à une redirection de flux financiers. En Europe, il va être très compliqué de ne pas être sincère sur les chiffres de départ ou d’arrivée : la taxonomie communautaire est de plus en plus précise et exigeante. »

Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !