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Après un moratoire sur le projet urbain demandé par la majorité citoyenne à l’issue des dernières élections municipales et un long travail collectif mené par les professionnels et les filières biosourcées pour s’assurer de la faisabilité des modes constructifs et enrichir les consultations, les attentes sur le projet urbain porté par Nantes Métropole Aménagement et l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine conduite par l’urbaniste Frédéric Bonnet étaient très fortes. En découvrant les projets des cinq premiers îlots, on ne peut que constater que la méthode dite des « pas de côté » imaginée par l’aménageur et sa maîtrise d’œuvre est une réussite. « Dès son origine, le projet urbain a été imaginé avec les professionnels de la construction » a rappelé Pascal Pras, vice-président de Nantes Métropole délégué à l’habitat, aux projets urbains et à l’urbanisme durable.
Les filières locales impliquées
Petit retour dans le temps. Dès 2017, en associant le CSTB, la Dreal et le BRGM, ces derniers ont initié une approche collective de « sourçage » afin de s’assurer de la capacité des acteurs locaux à mettre en œuvre un gros volume de logements bas carbone (3 300 à terme, à l’échelle de la ZAC dont 2 300 sur le secteur de la Basse-Ile). A partir de 2019, en vue d’affiner les solutions techniques, quatre ateliers avec des représentants de filières constructives locales biosourcées, géosourcées et de réemploi ont été mise en œuvre avec l’aide de Novabuild, le cluster de l’écoconstruction dans les Pays de la Loire. A l’automne 2021, cette fois avec le Club immobilier Nantes Atlantique (Cina), un « focus groupe » composé de cinq opérateurs (bailleurs sociaux, coopératives et promoteur) a permis de confronter les pistes techniques envisagées à la faisabilité économique des projets.
Cette démarche ne s’est pas limitée aux enjeux constructifs : les enjeux relatifs à la nature en ville, à l’économie des sols, à la production d’une offre de services et usages bas carbone ont également fait l’objet de la même démarche.
Réflexion collective
Tout ce travail réalisé en amont a permis d’enrichir les consultations, notamment dans la phase finale, où trois équipes ont été retenues pour chacun des cinq îlots. « Le niveau de qualité des 18 propositions a été exceptionnel » témoigne Frédéric Bonnet. « Nous avons eu un niveau inédit de réflexion collective sur les manières de construire, d’habiter, d’intégrer les vélos, la vie en commun… J’espère qu’il y aura un avant et un après pirmil car il y a eu une incrémentation du savoir-faire collectif sur toutes les grandes questions de transitions qui nous attendent » poursuit-il.
Les équipes lauréates sont :
• Aethica avec Hardel Le Bihan Architectes et Moonwalklocal (îlot A2A) ;
• Quartus avec Boris Bouchet Architectes et Atelier Georges (A3) ;
• Galéo avec 2PM A et MFA (B8) ; CIF avec Atelier du Rouget Simon Teyssou & Associés et Atelier Belenfant Daubas (A4) ;
• CISN avec Bond Society et Atelier Desmichelle (A5).
En bannissant les voiles béton au profit de solutions mixte bois-béton, toutes ces équipes proposent des logements et des services en adéquation avec les impératifs d’accessibilité sociale et de transition écologique et des espaces communs pour stimuler le lien social à l’échelle de ce nouveau quartier. La quasi-totalité des logements seront traversants, dotés de généreuses loggias ou d’espaces extérieurs. Beaucoup bénéficieront de double, voire de triple orientation. Côté matériaux, le bois sera omniprésent, à tel point que certains constructeurs comme Boisboréal attendaient le résultat des consultations pour lancer de nouvelles lignes de production. Les autres matériaux biosourcés seront largement utilisé comme la paille (en bottes recouvertes d’enduit ou hachée) et même des géosourcés avec de la pierre naturelle (îlot 3) ou du schiste de Nozay (îlot A4). Rare en construction neuve, deux projets envisagent de réutiliser en façade la ressource issue de bardages agricoles, abondante sur le territoire (îlot B8 et A2A).
Plus de vélo, moins de voiture
La place du vélo a été prépondérante à tel point qu’elle a influé sur l’architecture. « Il y a eu des réponses très différentes, raconte Frédéric Bonnet. Certaines équipes ont, par exemple, travaillé sur l’idée de monter les vélos à l’étage en réinterrogeant la question de la coursive ou avec des espaces dédiés à chaque niveau ».
Le futur quartier étant proche du centre de Rezé et de Nantes et desservi par la ligne 8 du busway (BHNS) qui ouvrira en 2025, ainsi que par le tramway qui s’arrêtera boulevard Schoelcher d’ici 2027, la place de la voiture a été réduite au minimum. Aucune opération ne disposera de parking et les stationnements seront regroupés dans un bâtiment-silo de 620 places (îlot B3). « On fait le pari que, dans les années qui viennent, un certain nombre d’habitants vont faire le choix de se séparer de la voiture, qui est une charge, explique Frédéric Bonnet. On veut profiter du foisonnement entre les différents usages afin de réduire le ratio réglementaire, aujourd’hui de 0,6 voiture par logement. ».
Outre l’aspect économique dans le bilan de l’opération, l’absence de parking enterré permet de libérer les sols, constitués de terres sableuses peu fertiles et que Sylvanie Grée de l’agence D’ici là Paysages & Territoires va reconstituer avec des essences et une stratégie adaptée. Avec le futur parc en bord de Loire, près de 14 000 arbres seront plantés. « Sept fois plus d’arbres que dans un projet ordinaire » rappelle Frédéric Bonnet. « A Rezé, nous avons une règle qui est : 1 m2 végétalisé pour 1 m2 construit, ici ce sera 2 m2 végétalisé pour 1 m2 construit » complète Martine Métayer, élue rezéenne en charge de l’aménagement.
Construire en zone inondable
En complément de cette consultation, Nantes Métropole Aménagement a présenté le lauréat de l’îlot L1, dans la ZAC mais sur un terrain privé appartenant à Sogimmo et ETPO Immobilier. C’est l’architecte Eric Lapierre de l’agence Expérience qui a été retenu. Située au pied du Pont des Trois-Continents et au droit du futur Parc fluvial des Isles, cette opération de 99 logements est située en zone inondable. Illustration de la stratégie de résilience mise en œuvre par l’aménageur avec les services de l’Etat, c’est le premier projet développé en zonage de Requalification urbaine des Isles du Plan de prévention des risques inondations (PPRI) de la Loire aval. Cet ensemble de bâtiments sur pilotis allant du R+2 au R+10, évite la monotonie et tisse un rapport d’échelle à la fois avec le village de Basse-IIe voisin et avec le grand paysage. La surélévation des rez-de-chaussée permet de dégager des espaces communs extérieurs généreux et d’offrir à chaque logement une vue directe sur le fleuve, y compris ceux situés le plus en arrière de l’îlot.
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Quatre finalistes pour la future piscine olympique
Sur 42 dossiers de candidature déposés pour ce nouvel équipement métropolitain situé boulevard Schoelcher, en bordure du nouveau quartier de la Basse-Ile, quatre équipes ont été admises à concourir et vont travailler sur une esquisse.
• Atelier Po&Po (Paris), lauréat du Palmarès de l’architecture et de l’aménagement 2014 pour la piscine de Nérac
• ANMA Architectes Urbanistes (Paris), architecte du centre aqualudique d’Orléans
• BVL Architecture (Paris), agence associée à BBM Architectes (Nantes), architecte de la piscine Blomet à Paris
• Guervilly Mauffret Architecture (Saint-Brieuc), architecte du centre aqualudique d’Angers
Le lauréat sera désigné en 2024 pour une livraison attendue « en 2028 ou 2029 ».
Cette nouvelle piscine, estimée à 52 millions d’euros, comprend notamment un bassin sportif de 50 m et 10 lignes d’eau, un bassin polyvalent de 25 m avec 10 lignes d’eau et une pataugeoire de 60 m2. « On la veut exemplaire avec des consommations d’eau et d’énergie inférieure aux exigences réglementaires et aux moyennes actuelles grâce à une réflexion sur la conception, le raccordement au réseau de chaleur, une optimisation de l’usage de l’eau, de la récupération de chaleur », a indiqué Ali Rebouh, vice-président de Nantes Métropole, délégué aux équipements sportifs