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Un soleil étincelant, un ciel bleu sans nuage et une Loire presque aussi basse qu’en été… Le décor était parfait pour le lançage du premier tronçon du nouveau pont sur la Loire, à Mardié, en amont d’Orléans (Loiret).
Depuis le 28 février, ce chantier titanesque, engagé en 2021 par le conseil départemental du Loiret, est rythmé par le roulis des câbles et des poulies qui font progresser centimètre par centimètre la charpente métallique du pont. L’opération se déroule sous la surveillance attentive d’une vingtaine de techniciens de la société Baudin Chateauneuf, mandataire du marché, qui fabrique l’ouvrage dans ses ateliers à une dizaine de kilomètres de là.
Posée sur la plate-forme de lancement en rive nord de la Loire, la première partie du pont, précédée d’un avant-bec particulièrement imposant, s’étire sur 196 mètres de long. Elle est composée de 17 tronçons d’acier de 60 à 80 tonnes qui ont été soudés entre eux sur place après avoir été acheminés par convoi exceptionnel depuis l’usine. Pour pouvoir glisser, cette structure de 1 200 tonnes repose sur des appuis provisoires équipés de patins en Téflon.
L’opération, démarrée le 28 février, va durer jusqu’au 8 mars. Lors de la première journée, le pont a progressé d’environ 70 mètres à l’aide du système de treuils et de moufles, et l’avant bec a rejoint la première pile du pont. Le lendemain, il a poursuivi son trajet en direction du deuxième appui, qu’il devrait atteindre au milieu de la semaine suivante, après une série d’interventions pour régler les câbles.
Une manœuvre délicate
La manœuvre est rendue plus délicate par le fait que le pont présente un profil ondulé. Les caissons ont donc une épaisseur variable, entre 2,85 et 4,2 mètres de haut, ce qui oblige à jouer entre poussée et retenue. « On alterne entre des phases montantes et descendantes, avec des vitesses variables selon les moments », précise Yoann Rey, directeur du département génie civil chez Baudin Chateauneuf.
L’autre particularité qui rend ce lancement spectaculaire tient à la largeur importante des travées - 115 mètres pour la plus grande -, un choix qui a permis de minimiser le nombre de piles et donc les nuisances environnementales générées par la présence du pont dans le lit de la Loire.
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Une fois ce tronçon lancé, la plate-forme de départ sera libérée pour accueillir de nouveaux caissons. Ceux-ci seront lancés sur le même principe, à l’été, puis en septembre concernant la troisième section, pour atteindre la rive sud, soit un franchissement d’une largeur totale de 570 mètres. « Sur cette dernière opération, ce sera assez monstrueux, puisqu’on va avoir 3 200 tonnes à déplacer, avec une inertie variable et des efforts trois fois supérieurs à ceux de ce premier lancement », poursuit le responsable du chantier.
Ce pont, dont le marché se monte à 58,1 millions d’euros, est l’élément clé de la déviation entre Jargeau et Saint-Denis-de-l’Hôtel, en cours de réalisation. Ce projet d’une quinzaine de kilomètres, destiné à désengorger le trafic poids lourds dans cette zone, remonte plus de 25 ans. Sa mise en œuvre a été longtemps retardée par l’opposition et les recours des défenseurs de l’environnement. Mais les travaux avancent désormais à grands pas et la mise en service de l’ensemble est prévue pour 2025.